«Le club est ma seconde famille»

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Aït Mesghat Lyamine est un produit pur du RC Seddouk où il a fait toutes les catégories comme joueur pour y finir au poste d’entraîneur, après avoir obtenu un diplôme FAF1. Dans cet entretien qu’il nous a accordé il nous livre, sans ambages, ses impressions sur son club.

La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous de vous et de vos débuts dans le football ?

Aït Mesghat Lyamine : Je suis né le 07 mars 1975, à Seddouk. Comme beaucoup de jeunes de ma génération, j’aimais, dans mon enfance déjà taper dans un ballon sur la placette de mon quartier, souvent même sur les chaussées des routes, car il n’y avait pas de terrain de jeux au village de Tibouamouchine où j’habitais. En 1990, j’ai intégré l’école du RC Seddouk où j’ai entamé ma formation dans l’équipe des cadets. J’ai gravi tous les échelons en évoluant dans toutes les catégories pour finir ma carrière dans l’équipe seniors où je suis resté six ans. J’ai eu le privilège de contribuer à l’accession de l’équipe au pré honneur. C’était durant la saison 1995/96.

Comment êtes-vous devenu entraîneur ?

J’ai toujours considéré le RCS comme ma seconde famille, et j’ai toujours voulu rester dans le giron du club. Je m’y sentais bien et entre le football et moi, c’est une histoire d’amour. Il y a trois ans, les dirigeants du club avec qui j’ai gardé de bons contacts m’ont demandé de prêter main forte à l’entraîneur de l’équipe des juniors comme entraîneur adjoint. L’année suivante, j’ai pris en main l’équipe. Je suis non seulement passé au rang d’entraîneur titulaire mais j’ai aussi pu obtenir le diplôme d’entraîneur FAF 1. L’expérience acquise et le titre obtenu ne sont pas passés inaperçus des dirigeants du club qui ont fait appel à mes services cette saison pour seconder le coach Hafid Boussaâd, en remplacement du coach Hanouti qui avait jeté l’éponge dès la 5e journée. A la 25e, Hafid a à son tour rendu le tablier pour des raisons personnelles et j’ai continué à encadrer seul l’équipe des seniors durant les quatre dernières journées.

Les résultats obtenus par le RCS cette saison sont-ils satisfaisants à votre avis ?

Au départ, les dirigeants avaient un seul objectif : l’accession. Nous y avions vraiment cru, car l’équipe carburait à plein régime et gagnait tous ses matchs jusqu’à la 9ème journée. Là nous avons perdu en déplacement contre le SRB Tazmalt. En outre, les joueurs étaient démoralisés car il n’avaient perçu aucun sou depuis longtemps. Les caisses du club étaient vides. Ils ont d’ailleurs déposé un préavis de grève. On avait vraiment peur d’un forfait général, ce qui nous aurait coûté très cher. La subvention octroyée par l’APC, en septembre, n’a été virée qu’en mars. L’accession, visée au départ, est devenue un rêve chimérique. Le club manquait terriblement de moyens et l’équipe continua à enchaîner des contreperformances, notamment après le retrait définitif de certains joueurs titulaires, remplacés par des juniors inexpérimentés. Personnellement, je n’ai jamais perçu un seul sou. J’ai même été souvent obligé de dépenser mon argent personnel pour le club. Néanmoins, et malgré toutes les difficultés, je suis resté fidèle au club, en continuant mon travail avec les moyens de bord. Mon devoir d’enfant du club prenait le dessus. En dépit de toutes ces turbulences, le RCS a terminé la saison à la 6ème place au classement. Que l’équipe n’ait pas déclaré forfait est un véritable exploit.

Les autres catégories ont-elles donné satisfactions ?

L’équipe de l’école, c’est-à-dire les U-13, ont arraché le championnat de wilaya. L’équipe des U-16 a été éliminée par son homologue de la JSMB en finale de la coupe de wilaya. L’équipe U-17 a été excellente en arrachant le doublé (coupe et championnat) grâce à l’excellent entraîneur, Younes Ouakli, qui est un ami et un enfant du club comme moi. Les vétérans ont été éliminés par leurs homologues du MOB aux quarts de finale de la coupe de wilaya. Des parcours des plus respectables, je dirais, malgré le manque drastique de moyens.

Parlez-nous justement des moyens dont vous rêvez pour le RCS…

Nous manquons absolument de tout. Le RCS est un club qui possède tellement de joueurs de qualité mais qui n’arrive pas à décoller. Les autorités locales ne font que promettre des choses sans jamais tenir leurs promesses. Parlons par exemple du stade qui manque absolument de tout. Alors que les autres équipes de la vallée possèdent des stades 5e génération, le notre manque même d’éclairage et de douches. En hiver, la pelouse se transforme en une véritable retenue d’eau. Côté finances, c’est la pagaille. Le club est endetté. Les joueurs et les entraîneurs ne sont pas payés, ce sont des bénévoles. Le club n’a même pas de quoi acheter un ballon ou une tenue.

Le mot de la fin ?

Je lance un appel aux autorités locales. Je leur dis que le RCS est un club communal qui a droit à sa part du budget alloué par les pouvoirs publics et consacré à l’épanouissement de la jeunesse locale. Imaginez-vous qu’à cause des problèmes que vit le club, je n’ai même pas pu continuer la formation d’entraîneur pour la préparation du diplôme FAF2.

Entretien réalisé par

L.BEDDAR

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