Avec la vague de chaleur qui sévit, ces derniers jours, le stress hydrique connaît son paroxysme dans la localité de Chemini.
Moult bourgades sont astreintes au rationnement de cet or bleu. Et pour cause, les foyers ne voient la couleur de cette source qu’une fois par semaine, et ce, à raison d’un quart d’heure. Le comble de l’ironie est le faible débit qui ne permet guère de remplir quelques jerricans. Ce qui est infinitésimal quant aux besoins des familles en eau pour les différents usages. « Que peut-on faire avec ces faibles quantités qu’on attend comme un messie ? » ironise un père de famille. Vu l’insuffisance de cette ressource vitale, bon nombre de foyers sont contraints de recourir à l’achat de citernes dont le prix avoisine les 1 200 à 1 500 dinars. Un autre fardeau qui s’ajoute aux nombreuses tracasseries de la vie, de facto, l’inflation pèse de tout son poids sur les ménages. « J’aurais préféré débourser la somme allouée à l’achat de l’eau pour d’autres emplettes jugées utiles », dixit un sexagénaire. À rappeler que la commune de Chemin est l’une des plus touchées par la pénurie de l’or bleu. La situation lors de la saison estivale écoulée a suscité l’ire de la population locale qui n’a cessé de réclamer des solutions efficaces à ce problème qui tend à s’éterniser. « Une localité de plus de 16 000 âmes requiert une prise en charge de ses doléances en résolvant cet épineux problème qui n’a que trop duré », déclare Hakim, universitaire. L’annonce de raccordement au réseau aqueduc via le barrage hydraulique par les autorités locales venait étancher la soif des Cheminois qui attendaient avec impatience que l’eau coule de leurs robinets. Mais, presque deux ans se sont écoulés depuis cette annonce sans qu’on ait vu une seule goutte. Les raisons avancées ne convainquent pas les citoyens que cette longue attente exaspère. Les déperditions liées au mauvais état des anciennes conduites sont l’une des causes d’un débit faible qui ne favorise guère une gestion efficiente et rationnelle du réseau AEP. Des fuites d’eau sont enregistrées à différents endroits desdites conduites, et qui nécessitent des réparations immédiates. Mais force est de constater que celles-ci sont souvent sommaires et inefficaces. La commune de Chemini compte deux forages à Takrietz, mais ceux-ci s’avèrent insuffisants en raison de leur faible débit ne dépassant pas le seuil des 7 litres/seconde. Un troisième forage existait auparavant, mais l’oued Soummam a repris ses droits en charriant ce dernier. Les responsables de la municipalité tentent de récupérer ledit forage dont le débit avoisinerait les 15 litres/seconde, selon les dires de notre interlocuteur. « Un quatrième forage est en cours de réalisation afin de remédier au manque criant en cette source vitale », avance l’édile communal. L’inscription de la commune de Chemini au réseau d’alimentation en eau potable à partir du barrage hydraulique Tichy Haf a insufflé un vent d’espoir à la population locale. L’opposition de certains habitants au projet de construction d’une station de refoulement en contrebas du village Zontar a donné un coup de frein à l’avancée des travaux. Les parties en litige ont trouvé un modus vivendi dans l’intérêt général. « À travers ces nombreuses initiatives, nous comptons en finir avec les désagréments liés au manque d’eau dans un proche avenir », conclut avec une note d’optimisme le maire de la commune. La mauvaise gestion caractérisant le service des eaux est indéniable. Sinon, comment expliquer que les communes limitrophes, entre autres Souk Oufella, Akfadou, Ouzellaguen… ne souffrent pas de la rareté de l’eau, alors qu’à quelques encablures, les villages relevant de la commune de Chemini peinent à étancher leur soif. « Il suffirait juste que l’on récupère l’eau des sources existant à foison dans la montagne de l’Akfadou pour apaiser la tension liée au stress hydrique, longtemps inexpugnable ! » estime un ingénieur en hydraulique. Il est temps de régler définitivement ce problème qui n’en finit pas, et qui revient à chaque saison estivale. Et cette année, la crise d’eau a atteint son apogée.
Bachir Djaider

