Fenaison prématurée

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Les perturbations atmosphériques qu’a connues la dernière décade du mois de mai ont contraint les fellahs d’entamer prématurément la fenaison et la fauchaison.

L’affûtage de faux et faucilles donne le coup d’envoi pour l’entame de la fenaison, qui n’est nullement une partie de plaisir pour les novices, et loin d’être une sinécure. Il reste néanmoins que ce travail est mi-artisanal, le fauchage se fait manuellement. Quant à la seconde opération, la lieuse prend le relais. Une dure besogne nécessitant patience et preuve d’abnégation, car les jeunes renâclent à l’idée de passer leurs temps sur les champs, laissant ainsi leurs parents à en pâtir tout seuls. « Il y va de notre intérêt de récolter une dizaine de bottes de foin que de les acheter à des prix exorbitants. Une botte de foin coûte plus de 1200 dinars. C’est dire que l’élevage est devenu de nos jours une affaire pas du tout rentable », nous avoue, avec amertume, un fellah de la région. Les terrains escarpés et abrupts ne facilitent guère la tâche à nos fellahs, ce qui les contraint de recourir aux bêtes de somme afin de transporter le foin au lieu où sont stationnés les tracteurs munis de batteuses. Les nombreuses pistes agricoles s’avèrent insuffisantes, d’autant plus que les habitants de la région en demande davantage pour qu’ils puissent travailler leurs champs dans de meilleures conditions, notamment pour l’accès des tracteurs  camions nécessaires pour les différents travaux liés à l’agriculture. Un élu de la municipalité de Chemini nous dira à ce sujet que des propriétaires terriens s’opposent souvent aux projets liés aux pistes agricoles, et qui veulent à tout prix que l’itinéraire tracé ne touche à leurs parcelles de terrains. Ces pistes seront bénéfiques et pour la région et pour lesdits propriétaires terriens, qui verront le prix de leurs biens revalorisés. Un véritable théâtre de vie champêtre s’offre aux curieux. En cette période de fenaison, les faucheurs s’affairent activement sous un soleil de plomb dardant ces rayons qui ne rebutent nullement leur volonté et leur rectitude. La faux oblitère tout doucement les champs irisés pour laisser place à de vastes terrains recouverts de foins fauchés. Le fanage est une étape transitoire nécessaire pour le séchage du foin avant de procéder à sa récolte pour que la lieuse en sorte des bottes de foin bien rangées. L’engrenage de la récolte doit se faire illico presto afin d’éviter tout désagrément pouvant anéantir la récolte, et ce, en raison du rancissement du foin dans le cas où la météo joua des tours aux agriculteurs n’ayant pas glané à temps leurs récoltes. Moult fellahs se sont trouvés piégés par les dernières pluies qui n’ont pu amasser leurs récoltes à temps. Une pénible épreuve pour ces propriétaires qui voient leur dur labeur balayé par une météo orageuse. Les bottes de foin récoltées par lesdits particuliers sont souvent destinées à l’alimentation de leurs bétails et non pas à l’usage commercial. De surcroît, la récolte n’est pas aussi substantielle pour que les fellahs aspirent à revendre leur moisson. En substance, ils peuvent réduire la facture d’achat du foin qui ne cesse de connaître des flambées de prix considérables ces dernières années.

Bachir Djaider

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