Les habitants de Tidjounane en colère

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Les habitants de la petite bourgade de Tidjounane, sise en contrebas de la commune de Chemini et forte d’une population dépassant les 1 800 âmes, ont procédé dimanche dernier, à la fermeture du siège de l’APC. En substance, la décision prise par le comité du village de recourir à cette méthode n’est dictée que par le sentiment d’une « non considération et d’une sourde oreille des responsables locaux quant aux multiples revendications des habitants du village ». Plus d’une centaine de villageois, d’âges différents, ont pris d’assaut le siège de la municipalité dans l’optique de porter haut et fort leurs doléances. « Tant que l’administration feint d’ignorer les revendications de nos villageois, nous n’avons nullement l’intention de rebrousser chemin », avance sans ambages un membre du comité de village. Une plate-forme de revendications a été ficelée par ce même comité où l’on retrouve une kyrielle d’insuffisances et de manquements dont souffre le village. Les carences énumérées dans ladite plate-forme sont scindées en trois volets : l’immédiat, le moyen et le long terme. Au moins quatre points primordiaux sont à retenir comme cas d’urgence, peut-on lire dans une copie de la plate-forme qui nous a été remise. L’absence d’eau courante exacerbe au plus haut degré les habitants de Tidjounane, contraints au rationnement de cette ressource vitale. De plus, l’inexistence de fontaines publiques accentue davantage le stress hydrique, sachant que la saison des grandes chaleurs frappe à nos portes. En second lieu, l’ouverture d’une antenne administrative, annoncée à grandes pompes, lors de la visite du wali dans la localité de Chemini, en décembre dernier, qui avait insufflé un vent d’espoir chez les centaines de villageois, croyant en finir avec les déplacements incessants jusqu’au chef-lieu de la commune, situé 5 kilomètres plus haut. Six mois se sont écoulés sans que l’antenne ne soit opérationnelle. « C’est inadmissible de voir que notre administration fait fi de nos tracasseries quotidiennes. Si nos responsables se contentent d’exceller dans l’amateurisme en faisant du trompe-l’œil, nous n’abdiquerons pas à cette déliquescence», nous dira un jeune universitaire. L’assainissement fait aussi défaut dans ce village, à tel point que le contrebas du village est devenu un réceptacle d’eaux usées à ciel ouvert. L’aménagement de bassins de décantation est plus qu’une nécessité pour éviter l’apparition d’épidémies, comme le choléra et la typhoïde. « Nous avons sollicité à moult reprises, les responsables locaux, pour assainir le réseau d’assainissement. Mais, à ce jour, nos doléances sont restées lettre morte », affirme, R. Bouchenab, membre de l’association Mellah. Le ramassage des ordures ménagères sonne comme une nécessité absolue aux yeux des villageois, qui demandent à ce que la collecte des déchets soit faite au moins deux fois par semaine. Les bacs à ordure s’avèrent insuffisants, compte tenu de l’étendue du territoire du village Tidjounane, et l’absence de régularité du ramassage des ordures n’a fait que drainer des meutes de chiens errants en quête de nourriture. « Pourquoi recourir à l’abattage des chiens errants qui ne sont que la résultante de la défaillance de la collecte des ordures ménagères. Il faut d’abord réguler, d’une manière efficace, cette collecte, pour éviter que les canidés n’y soient attirés », nous fait savoir M. Chaibi, enseignant et membre du comité du village. Et d’ajouter : « Il arrive même que des chiens errants fassent le pied de grue devant l’enceinte de l’école, avec le danger que cela représente pour nos écoliers ». Le village souffre énormément d’autres carences, étalées dans une lettre adressée au premier magistrat de la commune, datant du 3 mars 2013. Compte tenu de la non-satisfaction des revendications suscitées, le wali de Béjaïa a été lui aussi, destinataire d’une lettre de doléances réclamant une prise en charge de leurs revendications. Parmi les déficiences dont pâtit le village, l’insuffisance de l’éclairage public, qui fait défaut dans certains quartiers et le mauvais état des routes qui cause d’énormes désagréments aux villageois, notamment en période hivernale. Le lieudit Ihammamen, sis aux alentours du CEM, devient à chaque hiver un pataugeoire que les collégiens trouvent toutes les peines du monde à traverser pour rejoindre les bancs de leurs classes.  « La fermeture de l’APC traduit le malaise profond de nos villageois, qui s’estiment lésés à plus d’un titre », confirme H. Lamriben, membre du comité de village.

Bachir Djaider

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