À prés d’une dizaine de jours du Ramadhan qui coïncide, cette année encore avec les grandes vacances de l’été les habitants de la commune de Timizart se demandent où et comment meubler les longues nuits chaudes, et souvent ennuyeuses, de ce mois qui s’annonce dur et pénible, sur tous les plans. Les gens, en plus de redouter la cherté de la vie, la canicule et la longueur des journées, craignent aussi l’oisiveté et l’ennui, puisque aucun programme culturel ne semble être concocté ni par les responsables de la commune ni par les nombreuses associations culturelles qui activent dans la localité. Pourtant, dans un passé récent, notamment grâce à l’association culturelle Youcef Oukaci et le concours de l’APC, chaque mois du carême, des soirées théâtrales qui drainaient un public nombreux et connaisseur du quatrième art, étaient organisées. Les meilleures troupes, tant nationales que locales, ont pu agrémenter ces soirées par leurs prestations qui enchantaient l’assistance et où des figures du théâtre national ont pu étaler leur talent et être admirés. Ces soirées étaient, également, souvent enrichies par des récitals poétiques qui drainaient les meilleurs poètes kabyles du moment, pour le plus grand bonheur des amateurs des belles métaphores et des rimes. Malheureusement, ce bel élan culturel a été brisé net, puisque pour cette année, rien n’a été prévu pour donner un peu de vie aux soirées ramadhanesques. Les raisons en sont nombreuses. La première est sans doute l’absence d’une commission chargée des affaires culturelles dans l’organigramme de l’Assemblée communale de Timizart. Cette faille, qui dure depuis des années, pèse lourd et accentue l’immobilisme de la région sur le plan culturel. Souvent, les associations culturelles locales, pour leurs activités, s’adressent directement au maire pour la concrétisation de leurs projets, faute d’un organisme chargé de cela au niveau de l’APC. La seconde raison, selon de nombreuses personnalités locales qui activent dans le monde la culture, est due au manque d’initiatives de la part des autorités. Souvent, on ne réagit qu’a la dernière minute, et cela sous entend que le travail se fait dans l’urgence, ce qui revient souvent à décider de n’importe quoi et n’importe comment. On ne peut préparer un programme culturel digne ce qu’attendent les citoyens, et surtout s’étalant sur un mois ou deux à trois semaines. Pour réussir de tels événements, il faut une préparation en amont et en aval, au minimum une préparation entamée trois mois à l’avance. La troisième raison, et qui est commune à la plupart de nos villes et villages, est l’absence d’infrastructures adéquates qui accueilleraient ce genre de manifestations. L’utilisation des enceintes des établissements scolaires, si elles pallient tant bien que mal à ce manque, n’offrent, cependant, pas toutes les commodités dont ont besoin et les organisateurs et les artistes et le public. Parmi les autres raisons qui ont fait que cette année aucun programme culturel n’a été prévu, il y a aussi le « passage à vide » des membres de l’association culturelle Youcef Oukaci. Selon l’un d’eux, même l’habituel festival de poésie que leur association organisait chaque année risque de ne pas avoir lieu. Il nous dira, en substance, que « le bénévolat a ses limites ». Ainsi donc, c’est toute une région qui se trouve pénalisée par le manque de toute activité culturelle et de distraction, ce qui contraindra les citoyens à combler cela avec les moyens de bord, notamment les longues soirées dans des cafés autour des éternels jeux de cartes ou de dominos. Les plus chanceux feront, de temps en temps, des virées à Tigzirt ou Azazga pour prendre des glaces en famille et se balader, mais pour la grande majorité le seul menu qui leur est proposé c’est….. l’ennui.
Ait Slimane Amazigh