Plaidoyer pour une réelle prise en charge par l’état

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L’absence de structures de prise en charge des enfants autistes et les trisomiques a été décriée, hier, par des professionnels de la santé et des parents, lors d’une journée de conférences-débats sur ces deux maladies, organisée par le club Inner-Wheel de Tizi-Ouzou.

Les conférenciers, d’un haut niveau professionnel dans les spécialités traitant ces deux pathologies, ont été unanimes à soulever les carences institutionnelles et organisationnelles dans la prise en charge des autistes ainsi que des trisomiques. Ils en appellent d’ailleurs à l’Etat pour que ces deux pathologies soient considérées, à part entière, dans la nomenclature de la santé publique. «1% de la population est autiste», a annoncé le docteur Bouslimani, pédopsychiatre à l’EHS de la psychiatrie d’Oued-Aïssi. Il a affirmé par ailleurs, qu’«à Tizi-Ouzou, la prise en charge est très timide, inappropriée et inadaptée». Le Dr Bouslimani a expliqué cela par le fait que des médecins travaillent seuls et sans collaboration. «Tant nous ne disposons pas de structures spécialisées, les professionnels continueront à naviguer en solo, avec tous les risques d’erreurs thérapeutiques que cela puisse engendrer», a-t-il dit. Dénonçant le mode de recrutement dans les centres spécialisés destinés aux inadaptés mentaux, qui sont au nombre de 6 dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le pédopsychiatre a précisé que les personnels recrutés dans ces centres ne sont pas des spécialistes en la matière. Pour lui, «il est nécessaire de constituer des équipes pluridisciplinaires dans ces centres, car l’autisme et les pathologies psychologique, psychosomatique ou autres nécessitent une prise en charge à plusieurs niveaux, mais avec une condition d’associer les parents». Ces parents justement, que d’aucun parmi les intervenants lors des débats d’hier, n’ont pas caché leur désarroi face à des situations qui leur paraissent floues et déconcertantes, dès l’apparition des premiers signes de la maladie. Ils sont ballottés d’un médecin à un autre, d’un spécialiste à un autre. Le docteur Hafid Bouslimani a d’ailleurs insisté sur quelques recommandations concernant l’orientation d’un enfant suspecté de troubles de spectre autistique, TSA. Il s’agit pour lui de l’obligation faite aux médecins et psychologues, qui n’ont pas reçu de formation pour évaluer des enfants ou des jeunes pouvant présenter un TSA, de les orienter vers des collègues expérimentés. Cette recommandation, qui a ainsi tendance à s’imposer en Algérie, comme en France d’ailleurs, est due à des statistiques effarants témoignant de faux diagnostiques qui ont été établis sur des centaines de cas. Le Pr Driss Terranti, chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Constantine, a estimé pour sa part, qu’«il n’y a pas, à ce jour, d’explications précises sur les origines de l’autisme», réfutant l’hypothèse selon laquelle la pathologie est due essentiellement à des facteurs génétiques. Mais le professeur a dressé un tableau ahurissant sur l’augmentation de la prévalence de l’autisme en Algérie, appelant, lui aussi, à la nécessité de l’implication de l’Etat qui doit considérer l’autisme comme une question de santé publique. «L’Etat devra mettre tous les moyens nécessaires à la bonne prise en charge des autistes. Les parents, de leur côté doivent également s’impliquer activement dans ce processus de prise en charge qui est long et usant parfois», a dit encore le Pr Terranti. Une idée qu’a développée aussi le Dr Mahmoud Boudarène, psychiatre libéral, dans sa conférence qui a porté sur les carences affectives entre les parents et leurs enfants et les conséquences que cela engendre sur le développement psychomoteur et psychoaffectif de l’enfant. «Le manque d’informations fait que les parents sombrent dans la détresse», a-t-il informé. En ce qui concerne la pathologie de la trisomie 21 (mongolisme), le témoignage d’un parent d’un enfant trisomique, pédiatre de profession, a ému la salle où a lieu la rencontre d’hier sous la houlette d’actives femmes regroupées dans le Club Inner Wheel. Le Dr Halit a plaidé pour la création de structures permettant une vraie prise en charge des enfants atteints de trisomie 21 et l’instauration d’une assurance maladie et indemnités au profit notamment des parents démunis.

M.A.T

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