Au salon d’honneur de la Maison de la culture, où l’on faisait un cercle autour de lui en attendant le moment où il se produirait sur la scène pour un méga concert, l’immense Akli Yahiatène a eu l’élégant geste de nous accorder un court entretien.
La Dépêche de Kabylie : Cheikh, pouvez-vous nous dire, en quelques mots, quand et comment a débuté votre carrière artistique ?
Akli Yahiatène : Sur un coup de cœur, dans les années 53 et 54. J’avais, alors, vingt ans. La musique me captivait, prenait possession de mon cœur et de mon esprit. Mais pas n’importe quelle musique. J’étais déjà très sélectif. Je n’écoutais que la bonne.
De la bonne musique Kabyle, celle qui allait vous inspirer plus tard et vous permettre de réaliser des chefs d’oeuvres ?
Je suis très éclectique, vous savez. Et ce goût pour la bonne musique et les belles paroles m’a amené à écouter les chansons orientales, kabyles, anglo-saxonnes et même indoues. J’avais une préférence marquée pour Abdelwahab, Farid, Oum Keltoum, par exemple. Mais d’autres encore, comme Hadj Mohamed El Anka, ou simplement des chanteurs marocains. Un besoin, quoi qu’exigeant en matière d’art, mais ouvert à tous les courants musicaux, à tous les rythmes, pour peu que les dits courants et rythmes portent la marque du talent et du génie, et m’entraîne sans cesse vers de nouveaux horizons, vers de nouvelles découvertes…
Les chanteurs français avaient-ils une place particulière dans cette anthologie musicale ? Et lesquels ?
Oh, quelques uns. Je les écoutais, comme tant d’autres, avec le même intérêt… Brel, par exemple, Charles Aznavour… Ce sont des chanteurs talentueux, qui avaient un large public…
S’il vous fallait placer l’un de ceux au dessus de tous les autres, lequel prendriez-vous ?
Aucun. Les meilleurs chanteurs composent de bonnes chansons et de moins bonnes. Ils ne sont donc pas toujours égaux à eux-mêmes. Comment les classer dans ce cas ? Mais on aime ce qu’ils ont de meilleur et on oublie le reste.
On peut dire que vous aimez la musique et que la musique vous a adopté ?
Exactement !
Vous avez un riche répertoire, à combien d’albums l’estimez-vous ?
A l’époque, on parlait de disques. Mettons entre quarante et cinquante disques et albums.
Vous avez aussi enregistré en France ?
Naturellement. Chez Pathé Marconi, qui était une grosse boite, fort réputée. J’y ai enregistré une quinzaine de disques.
Quand sortira votre prochain album, et où ?
Oui, j’en ai un. Ça pourrait être en août ou en septembre… chez Pathé Marconi, évidemment.
Entretien réalisé par Aziz Bey