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…L’ennui au menu à Fréha

D’aucuns pourraient penser qu’une ville comme Fréha, au vu du rôle important qu’elle joue de par sa position stratégique et le nombre de passagers qui y transitent, est à même d’offrir pour les soirées ramadhanesques et la saison estivale un menu culturel des plus alléchants qui pourrait apporter distraction et détente à ses habitants. Hélas, il n’en est rien. De jour, accablée par la canicule quasi légendaire qui y règne, comme de nuit, seul l’ennui rode dans les ruelles de cette ville, livrée à elle-même et qui n’a que la désolation à offrir à ses résidants.

Si pendant la journée un semblant d’animation est palpable à partir de 14h, en raison de l’affluence des riverains dans les nombreuses superettes pour leurs multiples achats et, surtout, à cause du marché aux légumes où l’offre est abondante et variée, mais il n’en est rien pendant la soirée. En effet, pour tout visiteur de la ville, après la rupture du jeûne, le premier constat auquel il se heurtera est l’accablement.

En effet, la quasi-totalité des rues de la ville sont plongées dans l’obscurité à cause d’un l’éclairage défaillant et décourageant toute envie de sortie en famille. Ce qui a pour conséquence que le gros des magasins reste fermé et une sensation bizarre d’absence de vie se fait sentir, à fur et à mesure qu’on entre dans les entrailles de la cité. Que ce soit au centre ville ou dans ses hauteurs, c’est la même sensation de lassitude qui vous étreint. Pourtant, des initiatives ont été prises par certains cafetiers qui ont ouvert des espaces aux familles pour se détendre dans une ambiance conviviale. Hélas, les ruelles, plongées dans le noir, découragent les plus téméraires d’entre ces familles. Pour Nadir, les veillées sont réduites aux jeux de cartes et de dominos dans les quelques cafés qui ouvrent, ou aux randonnées sans fins et sans buts dans les ruelles de la ville. Les plus chanceux font des virées à Tigzirt, Azeffoun ou Azazga afin de fuir la morosité et l’ennui. Sinon, pour les autres, s’acheter de glaces, se connecter dans les cybercafés ou tout bonnement regarder la télé en restant bien chez soi, sont les seules occupations.

Pourtant, une opération d’embellissement de la ville fut lancée, au début de l’été par les autorités communales, avec notamment la réfection des trottoirs. Mais force est de constater que cette opération tarde à voir son achèvement. Un des habitants de la ville, que nous avons accosté nous dira : «Il était plus judicieux de refaire tout l’éclairage de la ville, avant de lancer cette opération de refonte des territoires. D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, les travaux peinent à avancer et les tronçons défoncés deviennent de plus en plus gênants pour les piétons que nous sommes». Pour notre interlocuteur, «l’on ne peut qualifier de ville une cité qui ne possède aucune salle de spectacle, de bibliothèque, de stade, de centre de soin digne de ce nom, d’espace vert, ou de jardin. Il n’y a même pas une avenue où flâner pourrait avoir un sens».Livrée au bricolage et au laisser-aller, la ville de Fréha n’arrive pas à assumer son rôle de pôle économique et culturel dans la région des Ath Djennad, et ce, au grand dam de ses milliers d’habitants qui ne peuvent, hélas, que contenir leur mal en patience.

Aït Slimane Amazigh

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