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Le village Tazla renaît

Le village Tazla, situé à 30 kms du chef-lieu communal d'Ighil Ali, est certes enclavé et déshérité, mais cela n’empêche pas les quelques familles qui y habitent encore à s’accrocher, coûte que coûte, à la terre de leur aïeux, en dépit des conditions de vie difficiles.

Néanmoins, ce qu’il faut pour une vie meilleure, à vrai dire, existe dans ce village à la beauté à couper le souffle, pour peu que les villageois, estimés à près de 200 âmes, exploitent à bon escient les atouts et les moyens dont ils disposent. Perché sur une colline, ce patelin, à vocation agropastorale, a connu un exode sans précédent qui s’est aggravé durant la décennie noire, où les terroristes islamistes faisaient des incursions dans ce village en terrorisant ses habitants. Avec le retour du calme et de la paix, beaucoup de familles sont retournées au bercail, et la tendance est au repeuplement, surtout avec l’aide à l’habitat rural qui connaît un grand succès dans le milieu rural. «Nous avons beaucoup souffert du terrorisme et de l’enclavement par le passé. Maintenant que la paix est revenue, beaucoup de familles qui ont fui le village sont retournées y habiter. Les maisons abandonnées se remplissent enfin et les ruelles s’animent », témoigne un habitant de Tazla. Et comment ? Abandonner sa terre nourricière n’est guère une solution. Car le sol de Tazla est absolument loin d’être ingrat. Pour preuve, les légumes et fruits qui sont cultivés sont d’une qualité exceptionnelle et sont, par-dessus tout, volumineux! «Faut vraiment voir les légumes et fruits que nous cultivons en potagers, ici, à Tazla. Ils sont grands et exquis. Comme la tomate, les raisins, les poires, les poivrons, etc.» ajoute notre interlocuteur. La particularité de ces légumes et fruits a incité la BEDE (Biodiversité et échanges d’expériences) qui est, en fait, une association basée en France et qui s’intéresse aux cultures maraîchères et fruitières, à envoyer, en 2007, une délégation qui séjourna dans ce village, et des projets furent lancés, comme la réalisation d’une pépinière pour garder la semence de ces potages exceptionnels et la création d’une unité de production de l’huile d’olive. « C’est dire que nos villages sont vus comme étant exceptionnels et fabuleux par les étrangers, alors que nous les méprisons ! » dira un autre habitant dépité. Ainsi, Tazla a démontré que l’on peut vivre des produits de son village et les commercialiser ailleurs, pour peu que la volonté suive. Tous les atouts sont-là. Des oliviers et autres arbres fruitiers, des potages à la qualité exceptionnelle, des pâturages pour bétail, le métier à tisser, les anciennes maisons construites à la pierre taillée, un panorama paradisiaque. Bref, Tazla est un petit paradis que seuls les étrangers voient !

Syphax Y.

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