Une alternative et des espoirs

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Par Amar Naït Messaoud

L’avenir énergétique du pays est en train de connaître une nouvelle réflexion, voire un engagement inscrit dans une perspective de substitution progressive de l’énergie fossile, dite classique, par l’énergie renouvelable (éolienne et solaire). La perspective de la fin du pétrole et du gaz, même si l’on ne maîtrise pas encore son échéance fatale, est une donnée qui ne saurait être niée ou sous-estimée dans un monde où tout est régi par l’énergie. La dépendance de l’homme par rapport à l’utilisation de l’énergie, sous toutes ses formes, est devenue totale et irréversible. Donc, l’alternative devant l’idée d’épuisement prochain d’une source d’énergie ne peut être que beaucoup plus d’ingéniosité et un trésor d’imagination pour rechercher d’autres sources. Ce génie, sur le plan de la recherche scientifique et académique, est surtout le fait de centres européens et américains dont les pays sont moins dotés en énergie fossile, même si une certaine tendance au retour à l’exploitation de certaines mines de charbon a été remarqué ces dernières années en Europe. En Algérie, ce sont les mines de charbon de Kenadsa, dans la wilaya de Bechar, dont on projette de reprendre l’exploitation. Mais, la tendance générale qui se dessine actuellement dans le monde, est bien l’exploitation des énergies renouvelables. Cette vision, outre le souci de faire prendre le relai à une forme d’énergie en déclin, se trouve renforcée par le souci écologique mis en avant depuis longtemps par les scientifiques. En effet, les différentes pollutions, notamment atmosphérique, générées par la consommation des hydrocarbures, est, à elle seule, une raison suffisamment puissante pour faire diriger les recherches vers d’autres formes d’énergies moins polluantes. Cependant, ce souci est partiellement contrarié par les nouvelles découvertes en gaz de schistes faites au cours de ces vingt dernières années à travers presque tous les continents. Cette énergie dite non conventionnelle, non seulement garde les inconvénients, en matière de pollution, des hydrocarbures classiques, mais charrient une autre forme de pollution à la phase même de l’exploitation des gisements. Bien entendu, comme pour toute nouvelle découverte, les commentaires peu documentés, les avertissements exagérés et les manigances politiques, prennent le dessus sur une vision sereine et responsable. Aux premières explorations, consistant à évaluer avec une certaine exactitude, les réserves algériennes en gaz de schiste, l’on n’a pas hésité à crier au scandale. Lorsque les manipulations politiques interfèrent dans l’économie et le technique, on peut s’attendre à une guerre des mots sans pour autant être bien fixé sur l’objet. Pour revenir aux formes de l’énergie propre et renouvelable, l’Algérie a commencé à faire des efforts dans l’installation des panneaux solaires individuels ou semi-collectifs depuis plusieurs années, principalement dans les Hauts Plateaux et dans le grand Sud. On a eu droit, il y a à peine trois ans, à des images de la télévision qui nous montrent un foyer saharien accédant pour la première fois aux…images de la télévision, via une alimentation éclectique générée par des panneaux solaires. Au fil des années, les techniques de fabrication s’améliorent et deviennent moins chères, si bien que l’énergie solaire aura toutes les chances d’être « démocratisée » dans quelques années. L’Algérie a investi dans cette industrie et les premiers panneaux sortis des usines sont déjà installés. À grande échelle, des projets existent dans le grand Sud; c’est là où notre pays dispose du plus grand taux d’ensoleillement par an, probablement à l’échelle du monde. Dimanche dernier, Noureddine Yassaa, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables, a déclaré : « l’objectif de substitution progressive des énergies fossiles en Algérie passe par l’installation de centrales photovoltaïques dont vingt seront opérationnelles d’ici la fin de l’année ». Ces unités toucheront les territoires de Hauts Plateaux et du grand Sud. L’on se souvient que, au cours du premier semestre de l’année 2014, deux unités d’énergie renouvelable ont été inaugurées et mises en service; il s’agit de la ferme éolienne de 10 mégawatts à Adrar et de la centrale pilote photovoltaïque multi-technologie de 1,1 mégawatt à Ghardaïa.

S’agissant du mégaprojet ’’Désertec’’, conçu par les Européens au milieu des années 2000 et consistant à créer des fermes d’énergie solaire dans le Sahara (Lybie, Algérie, Niger, Mali) pour alimenter, dans les futures décennies, l’Europe en électricité celui-ci semble marquer le pas, d’abord en raison de son coût exorbitant (entre 400 et 500 milliards de dollars dans un contexte de crise économique), ensuite, probablement, pour des raisons sécuritaires, la région du Sahel étant prise dans l’étau du terrorisme intégriste transnational et dans les opérations de lutte contre ce phénomène. Mais, techniquement, l’idée n’est pas complètement farfelue. Il est probable que, dans les prochaines années, on revienne aux vertus d’un tel plan de production d’électricité à l’échelle intercontinentale.

A. N. M.

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