La liste des bénéficiaires des logements sociaux de la commune de Bouira a été finalement affichée dans la matinée d’hier.
Il s’agit de 450 logements sociaux situés à la sortie nord du chef-lieu de la wilaya, et dont la remise des clés est prévue pour les tout prochains jours. Comme il fallait s’y attendre, l’affichage de cette liste n’a évidemment pas fait que des heureux. En effet, des dizaines de citoyens mécontents ont manifesté leur désapprobation aux abords du siège de la daïra de Bouira où un dispositif de sécurité a été déployé par les forces de l’ordre pour parer à toute éventualité de débordement, a-t-on constaté sur place. D’autres renforts de police ont été déployés dans plusieurs endroits de la ville, tandis que dans l’après-midi, la circulation a été rendue très difficile dans plusieurs quartiers, notamment à proximité du siège de la daïra et au niveau du quartier populaire « Evolutif ». Les contestataires, qui étaient nombreux à dénoncer la liste des bénéficiaires, estiment que beaucoup de ces derniers sont des intrus et des étrangers à la commune. Les manifestants ont eu également des mots très durs envers les officiels chargés du dossier, que ce soit au niveau de l’APC ou de la daïra de Bouira. « J’habite avec ma famille composée de 06 membres dans une baraque de 13 m² ! Mes enfants sont aujourd’hui tous malades et ma maison menace de tomber à tout moment !», tonne Bouchen Abdelkrim, un habitant de la rue Issat Idir du centre-ville, avant d’ajouter : « Mon dossier de demande de logement traîne depuis plus de 24 ans à la daïra. N’ai-je pas le droit de bénéficier d’un appartement décent, qui me protégerait moi et ma famille. Nous sommes las d’attendre ! ». Notre interlocuteur affirme également que de nombreuses familles des Haouche du centre-ville de Bouira n’ont-elles non plus pas bénéficié d’un logement, et ce, malgré les nombreuses promesses qu’elles ont eues : « Pas moins de 10 familles habitent dans ce Haouche construit en 1910 et qui menace de s’effondrer à n’importe quel moment. Toutes sont recensées et doivent être relogées dans les logements décents. Mais malheureusement, une seule famille figure sur la liste affichée !! », ajoute le même interlocuteur. Les citoyens mécontents réclament donc l’annulation pure et simple de ladite liste ainsi que la mise ne place d’une nouvelle commission d’attribution, qui sera chargée de recenser tous les nécessiteux ainsi que les cas prioritaires dans la commune de Bouira. « Au moment où on nous parle du recasement de l’ensemble des habitants de la cité Evolutif, seules 150 personnes en ont bénéficié dans notre quartier, sur plus de 500 familles recensées ! Je ne vois pas de quel recasement ils parlent ! », s’indigne Ali, un quadragénaire résident au quartier populaire « Evolutif », avant d’ajouter : « J’habite dans un studio avec mes 9 enfants, depuis plus de 50 ans, alors je ne comprends pas, quelle priorité a été respectée ? ». D’autres citoyens du même quartier affirment qu’ils sont titulaires de dossiers de demandeurs de logements, qui datent des années 1970, mais à ce jour, ils n’ont toujours pas bénéficié d’un logement. « Mon premier dossier de demande de logement, je l’ai déposé en 1979. Depuis, je l’ai réactualisé au moins 10 fois et j’attends toujours ce fameux logement ! », se révolte M. Berkan Salem, habitant du dit quartier, qui affirme vivre avec 14 autres membres de sa famille dans un studio de 32 m² seulement. Il ajoutera, désespéré : « Depuis plusieurs années, j’ai reçu dans ma maison plusieurs commissions d’une multitude d’organisme publics, et à chaque ils ne font que des promesses. Aujourd’hui, j’ai 59 ans et je commence sérieusement à douter que je vais pouvoir quitter ce quartier un jour ! ». A noter par ailleurs que la liste des 450 bénéficiers a été affichées dès les premières heures de la matinée d’hier, à travers plusieurs sites de la ville de Bouira, notamment à la placette du centre-ville et aux quartiers Evolutif et Oued D’houss, chose qui a provoqué des perturbations de la circulations ainsi que de nombreux regroupements de citoyens venus vérifier si leur nom figurait sur la liste en question.
O.K.

