Le prix du miel a considérablement augmenté

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Hamdane Bachir est l’un des plus gros producteurs de miel dans la wilaya de Béjaïa. Il vit à Talla n’Taghrast, un village haut perché entre Toudja et El-kseur.

Rencontré au siège de l’ex-CAPCS de Seddouk, où une petite foire agricole a été improvisée mercredi dernier à l’occasion de la visite du ministre de l’Agriculture dans la wilaya, nous l’avons sollicité pour nous parler des problèmes que rencontrent les apiculteurs et il a bien voulu nous dresser un tableau sur la filière. « Les années écoulées, nous avons obtenu des rendements dépassant largement les quatre kilogrammes par ruche. Cette année, le rendement par ruche n’a pas dépassé les deux kilo. Les causes sont multiples. D’abord, il y a le manque de pluviométrie en avril et mai derniers qui a beaucoup influé sur les rendements du miel. Mais le problème central réside dans l’emplacement des ruchers. Et leur place c’est dans les forêts en très haute montagne car en bas de la montagne la pollution engendrée par les chantiers en cours de réalisation, les vrombissements des moteurs et les gaz qu’ils dégagent tuent les abeilles », a déclaré notre interlocuteur qui n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la non prise en charge des recommandations qu’il a formulées aux instances étatiques pour sauver les ruchers et améliorer les rendements. « Je suis intervenu sur les ondes de Radio Soummam, j’ai saisi la direction des forêts, la wilaya et même le ministère de l’Agriculture pour nous autoriser à implanter nos ruchers dans la forêt ce qui procurerait de l’épanouissement aux abeilles qui auront tout ce dont elles ont besoin à leur portée tels que les nectars des fleurs, l’eau, etc. Mes recommandations sont restées sans suite. Et les conséquences sont, une baisse vertigineuse des rendements ce qui a conduit à l’augmentation des prix du miel. Celui-ci est passé en effet de 4 000,00 dinars l’année passée à 6.000,00 dinars cette année. Néanmoins, puisque les gens ne l’achètent que pour ses effets thérapeutiques sur certaines maladies, et même si il n’est pas à la portée de tout le monde, il se vend tout de même bien », a ajouté notre interlocuteur qui a aussi révélé qu’il connait bien son métier puisqu’il a suivi plusieurs formations dont la plus importante en 2010 en Tunisie. Il nous montrera d’ailleurs les diplômes qu’il a obtenus lors de différentes expositions. Autres conséquences de cette augmentations du prix du miel, l’apparition de certains opportunistes qui s’adonnent au frelatage en mélangeant une petite quantité de miel à une grosse quantité de sucre qu’ils mettent dans un bidon où ils plongent une alvéoles de cire extraite de la ruche et débarrassée de son miel. Ces trafiquants écument les marchés de la vallée de la Soummam en vendant du miel frelaté à des prix oscillant entre 3 000,00 et 4000,00 dinars le litre. Comme ça rapporte, ils sillonnent même les villages faisant du porte à porte aguichant les consommateurs avec des prix plus bas que ceux pratiqués pour le miel pur. Les mêmes procédés de frelatage sont employés aussi pour l’huile d’olive ce qui fait fuir la clientèle habituée jadis à s’approvisionner directement chez les producteurs dans les villages de la vallée de la Soummam. Il est donc temps pour l’Etat de mettre un terme à cette anarchie qui s’installe dans la distribution des produits agricoles du terroir labélisés, tels les figues sèches, l’huile d’olive et le miel, en créant des circuits de commercialisation organisés. Un décret mérite d’être promulgué pour que des sanctions puissent être prises à l’encontre des prédateurs.

L.Beddar

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