Le village Ferhoune, situé à quelques encablures du chef-lieu de la commune d’Akfadou, a réitéré sa louable initiative visont à la promotion de la forêt de l’Akfadou tout en demandant son instauration en parc national.
Cette troisième édition du Festival de l’Akfadou est le fruit des efforts consentis par les membres de l’association « Thiziri » (clair de lune), dépendant de la bourgade de Ferhoune. L’enceinte de l’établissement primaire sis au centre du chef-lieu de la commune Thiniri a abrité les activités concoctées par le soin de ladite association. Un programme riche et varié a été bien ficelé par lesdits membres. Le programme de ce festival s’étale sur trois jours, à savoir le 14, 15 et 16 août 2014. Le lever du rideau s’est fait, avant-hier, jeudi, en présence du maire de cette commune, des représentants de la Direction des forêts et d’autres directions. K. Oudjedi, en sa qualité d’enseignant, poète et militant de la cause identitaire, a relevé les qualités intrinsèques de cette étendue boisée tout en insistant sur la nécessité de préserver cette immense étendue. L’étymologie du mot Akfadou échappe au grand public, et dont ledit conférencier a expliqué à l’assistance, son origine. De ce fait, deux conjectures ressortent : La première démontre que l’origine du mot signifie un lieu isolé et difficile d’y vivre, quant à la deuxième, elle signifie en kabyle « ikhef w adhou », ce qui veut dire « crête du vent », en français. Ce glissement phonologique dû à la difficulté de prononcer ce mot en kabyle pour les Français au temps de la révolution a généré la naissance d’Akfadou. Des chapiteaux sont aménagés à l’occasion afin d’accueillir les différents exposants venus de diverses régions, dans de meilleures conditions. Des objets traditionnels tels de la poterie, des bijoux, des peintres, sculpteurs et deux auteurs ont pris place dans les stands aménagés à cette occasion. Des troupes théâtrales ont pris part aussi à cet événement, un magicien a été invité afin d’égayer les bambins présents. La première conférencière à prendre part à cet événement était Mme Amara, intervenant sur le thème « les plantes oubliées » et qui a longuement insisté sur la nécessité de préserver ce patrimoine floristique en voie de disparition. La population locale doit porter un autre regard sur ces plantes faisant partie du décor, et que le citoyen lambda ignore inconsciemment et insouciamment. La réhabilitation de certaines plantes est une condition sine qua non pour pérenniser cette richesse floristique menacée d’évanescence. En fin d’après-midi, des représentations théâtrales, magistralement interprétées par des comédiens en herbe, ont égayé les présents, notamment les bambins. « Halti kif nass » et « Tawenatsont », deux pièces théâtrales jouées respectivement par les troupes « El Hammadines » de la ville de Béjaïa et « Talwit » du village Taourirt. Des activités artistiques, sportives et littéraires sont programmée tout au long du festival, qui se veut un rendez-vous incontournable pour toute personne éprise et soucieuse de préserver l’environnement en général, et la forêt de l’Akfadou en particulier.
Un patrimoine à préserver
Le poumon de la Kabylie, comme l’appellent certains spécialistes en la matière, est plus que significatif quant à l’importance que revêt ce réservoir faunique et floristique. La forêt de l’Akfadou est située à 160 km environ à l’est d’Alger et distante de 20 km de la mer. Elle dépende administrativement de deux départements, en l’occurrence Béjaïa et Tizi-Ouzou. Une superficie dépassant les 16 000 hectares, soit 18% de la chênaie caducifoliée d’Algérie. Cette vaste forêt se distingue par la forte densité de ses peuplements, soit 1 500 arbres par hectares à l’âge de 120 ans, ses groupements végétaux, sa diversité floristique, son climat et son relief. Notons enfin que la forêt de l’Akfadou était déjà classée parc naturel régional en 1925 par les soins du colonisateur, mais le législateur algérien n’a pas jugé nécessaire de garder cette classification évaporée après l’indépendance. Aujourd’hui, tout plaide pour rendre à César ce qui lui appartenait, autrement dit, promouvoir cette zone montagnarde aux atouts touristiques inénarrables en parc national, seule garantie de pérenniser la survie de tout un patrimoine faunique et floristique. Comme il y a lieu de signaler les multiples agressions que subit cette forêt de par la déforestation effrénée, les incendies ravageurs consumant des centaines d’hectares chaque année. Les pressions anthropiques sont légion à telle enseigne que toute cette forêt est à la merci des tronçonneuses et autres dangers la guettant au quotidien. Des décisions politiques d’aménagements doivent être entreprises afin de protéger davantage ces sites censés être le poumon de toute une région, de surcroît, un réservoir de richesses latentes et patentes. « Nous souhaitons, par le biais de notre initiative, promouvoir la forêt de l’Akfadou en parc national. Comme nous comptons renouveler cette action chaque année afin de sensibiliser et d’attirer l’attention des pouvoirs publics quant à l’utilité de protéger notre forêt », nous dira N. Ammoura, président de l’association « Thiziri ».
Bachir Djaider

