Les citoyens se substituent aux pouvoirs publics

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L’hiver dernier, plus exactement au mois de février, le chemin menant vers la maison de Cheikh Aheddad, dans le village Seddouk Oufella, a été obstrué suite à un éboulement de terrain. 

Cette demeure, qui a été restaurée dans le cadre de la reconstruction des possessions des Belhaddad, servait de gîte pour les Khouans et les pèlerins qui venaient en famille, d’Alger et des villages de Tizi-Ouzou. Suite à l’obstruction de ce chemin, et selon Belhaddad Smaïl, l’un des petits fils de Cheikh Aheddad, les autorités locales de Seddouk ont certes envoyé une équipe des services techniques de la municipalité qui ont établi une fiche technique pour un éventuel projet, mais le projet tarde à voir le jour. Cette lenteur a irrité Cheikh Mohamed, le responsable de la Zaouia du boulevard bleu à Alger Centre, qui a ordonné à ses fidèles de procéder eux même à la réparation de ce chemin. Une trentaine de familles est donc venue, avec armes et bagages, il y a 15 jours de cela, et sans plus tarder, les hommes ont entamé les travaux de réparation qui connaissent une avancée spectaculaire. Et déjà au stade actuel des travaux, on peut emprunter ce chemin vers  la maison du Cheikh facilement. Mardi passé on s’est déplacé sur place, vers 21h, et on a constaté que les travaux vont bon train, puisque une quinzaine d’ouvriers y travaillaient sous la lumière des projecteurs. Nous avons eu une discussion avec l’un des Khouans, Si Ahmed Kacem en l’occurrence, qui nous a expliqué l’objectif de leur mission.  « Nous sommes des Khouans de la zaouïa de la Tarika Rahmania du boulevard des martyrs. Constatant que la fermeture de ce passage menant vers la maison de Cheikh Aheddad dure depuis plus de six mois, sans que les autorités locales ne daignent le réparer, notre responsable, Cheikh Mohamed, nous a demandé de faire nous-mêmes les travaux nécessaires. On est venu aussitôt entamer les travaux. On a constitué deux équipes, l’une travaille le matin, et l’autre le soir, comme vous pouvez le constater. Nous nous approvisionnons en matériaux de construction et nous assurons les travaux de main d’œuvre. Nous prenons en charge même la restauration. Il y a quelques jours, le chantier a été renforcé par des Khouans venus de Ouadhias dans la wilaya de Tizi-Ouzou », a déclaré notre interlocuteur.  Et si les Khouanes d’Alger et de Tizi-Ouzou viennent montrer toute la grandeur de Cheikh Aheddad, c’est qu’ils lui reconnaissent l’unification de la Kabylie à travers la Tarika Rahmania, qu’il a dirigé durant 14 ans (1857/1871), et l’appel au djihad lancé un certain 08 avril 1871, où les kabyles se sont soulevés comme un seul homme pour combattre l’armée française, au prix d’une guerre qui a duré 10 mois.  Des communes limitrophes de la wilaya de Béjaia, personne n’est venu prêter main forte à ces Khouans. « Ne dit-on pas que nul n’est prophète chez soi ». Pourtant, en 1969, les mêmes Khouans avaient reconstruit, par leurs propres moyens, cette maison de Cheikh Aheddad. Mais seulement, à cette époque, les populations locales avaient participé aux tâches aux cotés des Khouans.                                                                                

         

L. Beddar

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