Le cimetière des martyrs de la révolution, sis au-dessus du monument dédié à leur mémoire, qui est indéniablement un chef d’oeuvre architectural, est devenu, au fil du temps, un lieu où les buveurs invétérésse donnent rendez-vous, chaque soir, sans aucun égard pour la sacralité de l’endroit et sa valeur hautement symbolique.
Situé sur la RN71, juste à l’embouchure de la route qui mène vers le village d’Imsounen, le cimetière, qui contient les dépouilles des martyrs des trois communes limitrophes, à savoir Aghribs, Timizart et Iflissen, ainsi que le monument, a été construit dans les années 80 en hommage au sacrifice de ces hommes qui ont donné leur vie pour que nous puissions, aujourd’hui, vivre libres dans notre pays. Hélas, depuis quelques années, cet endroit est devenu le lieu de rendez-vous des buveurs de boissons alcooliques qui, chaque soir, se retrouvent à proximité du cimetière pour se livrer à la griserie de la boisson sans aucun égard envers le sanctuaire en face. Certes, si boire n’est pas condamnable en soi, chacun étant libre de ses choix, par contre les séquelles de cette habitude sont déplorables !
En effet, à peine arrivé près du cimetière, on est saisi par l’horrible spectacle qui s’offre à nos yeux. Des centaines d’emballages de boissons, canette et bouteille de bière sont jonchés pêle-mêle par terre devant le portail qui donne accès au cimetière au mépris non seulement de l’environnement mais aussi de l’âme de ces martyrs. Indifférents au sacrilège qu’ils commettent, ces buveurs poussent l’outrecuidance jusqu’à uriner sur les murs qui font office de clôture pour le cimetière. Des dizaines de voitures y stationnent, chaque soir, à partir de 17 heures. Musique à fond, des jeunes et moins jeunes souillent cet endroit dédié en principe, aux valeurs nobles de l’élévation et du goût du sacrifice pour le bien de l’humanité.
« Cela fait mal au cœur de voir tant d’immondices étalées sans aucune honte et dans l’indifférence de tout le monde face à ce cimetière dans lequel reposent les meilleurs de nos fils », nous dira un citoyen de la région. « Pourtant, nos parents nous ont inculqué la notion du respect des morts. Dans nos villages, salir un cimetière est le pire des sacrilèges, une idée impensable ! Mais alors, pourquoi ce sanctuaire est-il délaissé ? », nous dira un autre citoyen rencontré.
« En effet, si dans l’absolu chacun est libre de consommer les boissons qu’il souhaite, polluer la nature, porter atteinte aux symboles de la patrie est un geste intolérable », enchaînera un autre citoyen rencontré sur les lieux. C’est dans ce sens qu’abonde Noredine, un militant de la cause identitaire : « Nous faisons de notre mieux pour préserver l’environnement, sauver la forêt des Aït Djennad, sensibiliser les gens sur l’urgence de redonner à la nature ses droits, mais ce que nous voyons là est indigne d’un peuple qui se veut fier et libre. Il ne s’agit pas pour nous d’interdire aux gens de boire, mais juste d’inciter les responsables de la commune de placer des poubelles le long de la route, afin que les consommateurs de bières ne trouvent plus d’excuses pour jeter leurs emballages à même le sol. D’ailleurs, rien ne coûte à la commune de procéder au ramassage de cet étalage d’emballages, chaque matin, et nettoyer l’endroit. C’est par l’incitation, par la sensibilisation, par des affichages d’interdiction de jeter des ordures dans la nature, par des écriteaux invitant le citoyen à respecter le lieu, par des approches subtils et des efforts continus que l’on parviendra à endiguer ce comportement négatif qui porte atteinte aux valeurs humaines. On lance, par ailleurs, un appel aux associations qui activent dans la région ainsi qu’aux responsables de l’APC de Timizart pour organiser une journée de volontariat, afin de débarrasser le cimetière de toutes ces ordures qui gâchent le paysage et qui ternissent la valeur symbolique du lieu. Nous pensons sincèrement que c’est la meilleure voie pour sauvegarder tous nos sites…Seule l’adhésion des gens à un programme est garante de résultats à la mesure de nos attentes. Ce n’est qu’une fois que tout cela mis en place qu’il faudra penser à sévir au cas où des personnes outrepassent les règles de bienséances et de civisme.
A.S. Amazigh

