à dire vrai, ce commerce parallèle, appelé par fausse pudibonderie marché informel, se fait toujours plus tenace et plus envahissant, bravant la puissance publique qui, en dépit du cadre législatif et réglementaire, peine à l’éliminer, du moins à l’endiguer. La traque des agents de l’ordre, qui consistait à ne pas laisser ces marchands de tous poils squatter les espaces publics, semble avoir fait son temps. Autre temps, autre mœurs. Il n’est qu’à voir les étals et des abris de fortune qui ont pris possession des accotements de la RN 26, pour se rendre compte de l’ampleur de cette pratique. Confiné pendant longtemps à quelques placettes, l’activité s’est répandue comme une traînée de poudre, pour écumer pratiquement toutes les localités traversées par l’axe routier. « La précarité et le manque d’emploi incite nombre de citoyens, notamment les jeunes, à recourir au système D pour se tirer d’affaire », tente d’expliquer un commerçant de Sidi Aïch qui voit d’un mauvais œil l’irruption dans la sphère publique de ce commerce informel. « Ces gens là ne payent pas un sou vaillant à l’Etat et nous imposent une concurrence déloyale », fulmine-t-il. A hauteur de certaines agglomérations, comme Tazmalt et Akbou, des commerçants improvisés proposent une panoplie de produits allant de la gamme de l’agro-alimentaire, la panoplie de cosmétiques et la lingerie jusqu’aux tabac et autres joyeusetés pour les bambins. « Si je me livre à cette activité c’est que j’y suis contraint et forcé. C’est la seule et unique alternative, en attendant un hypothétique poste de travail dans la fonction publique », dispose un jeune vendeur de menu fretin à hauteur d’Ighzer Amokrane. En rase campagne, ce sont plutôt les fruits et légumes de saison et les primeurs qui se disputent l’espace public. « Tout compte fait, je préfère écouler directement ma production que de la céder à prix cassé à des intermédiaires qui vont faire dans la spéculation », soutient un marchand de légumes installé à l’entrée de la ville de Tazmalt. « Le consommateur trouve largement son compte, car il s’y approvisionne en produits frais et à petits prix », se vante-il.
N. Maouche