Le Fidaye Boussoura Belaïd raconte

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La bataille de Thiverahin s’est déroulée le 03 novembre 1955, à proximité du village Ivehlal. Elle fut parmi les toutes premières actions menées contre les forces coloniales dans la région, depuis le déclenchement de la révolution le 1er Novembre 1954. Aami Boussoura Belaïd, originaire de ce village, fut blessé durant cette bataille et fait prisonnier pour être ensuite condamné à mort. Il était chef Nidham. Il raconte que ce premier accrochage avec l’armée coloniale fut l’aboutissement d’une série d’actes de sabotages perpétrés par les moussebline (volontaires), dans l’ensemble des villages du Aarch Aghbalou, contre les infrastructures étatiques, tels la destruction de ponts, de poteaux électriques et de conduites d’eau.  Des opérations qui ont duré 03 jours, soit du 1er au 03 Novembre, en guise de célébration de l’historique journée du déclenchement de la guerre de libération. Ce qui fera réagir les autorités militaires françaises qui envoya des troupes à bord de 32 véhicules, entre jeeps, blindés et GMC. Une opération qui se voulait une expédition punitive contre les auteurs des sabotages qui nuisent au fonctionnement de l’administration du colonisateur et le privent de ces commodités indispensables. Aussitôt repérés en progression vers le village, les moussebline devinèrent que les militaires allaient perpétrer des exactions contre la population et décidèrent de leur tendre une embuscade pour les empêcher d’arriver jusqu’au village Ivehlal. Aussitôt décidé aussitôt fait. Ces valeureux moussebline, au nombre de 18, vont choisir le lieu dit Thiverahine, à l’écart du village pour tendre une embuscade au convoi qui avançait lentement sur une étroite route en mauvais état. Un fait qui a donné tout le temps nécessaire aux moudjahiddine d’occuper des positions avantageuses pour combler l’inégalité en armement et munitions. Aami Belaïd affirmera que son groupe possédait en tout et pour tout comme armes automatiques un Berreta, 01 mousqueton, 01 fusil garant et 02 pistolets automatiques. Le reste des combattants étaient armés de fusils de chasse. Les premières salves tirées par les moudjahiddine tueront pas moins de 04 militaires français et feront des dizaines de blessés. Notre interlocuteur affirmera que les soldats ennemis ripostèrent  par un véritable déluge de feu. Trois martyrs tombèrent au champ d’honneur durant cette première journée. Il s’agit de Bouria Lounès, Chemlal Ahmed et Abbas Boukhalfa. L’orateur dira que tous les hommes valides de l’ensemble des villages du aarch Aghbalou et ceux du aarch Ath M’likech accourèrent de toutes parts, armés de fusils de chasses, de haches et de poignards, pour prêter main forte aux moussebeline d’Ivehlal. Ce qui fera battre en retraite les Français aux environs de 17h. L’accrochage a duré 6 heures. Les militaires français procédèrent ensuite au bouclage du périmètre autour du lieu de la bataille, dans le but d’empêcher les moudjahiddines de quitter les lieux et revenir en force le lendemain, afin d’arrêter les blessés qui n’avaient pas pu s’échapper. Ces derniers étaient au nombre de 5 : Boussoura Belaïd (le narrateur), Bouria Mahmoud, Boussoura Abderrahmane, Soltani Dhaouiya et Bouria Makhlouf. Les Français recoururent ensuite au saccage systématique de tout le village Ivehlal, torturèrent les hommes et les femmes et pillèrent tous les objets ayant une valeur. Ils allèrent même jusqu’à abattre des animaux domestiques. Une stèle commémorative à la mémoire des martyrs qui sont tombés au champ d’honneur durant cette bataille a été érigée sur les lieux. Aami Belaïd qui a été blessé et fait prisonnier le lendemain a été condamné à mort et a été sauvé in extremis par le cessez-le-feu. Notre interlocuteur s’est effondré en larmes à la fin de son récit qui a réveillé de pénibles souvenirs et lui a fait rappeler ses compagnons d’armes tombés au champ d’honneur. 

Oulaid Soualah

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