Rencontré dans son ancienne boulangerie sise à la Rue de la Paix, ouverte en 1983, le dénommé A. M., un octogénaire, a voulu nous livrer son parcours de boulanger en disant : « Je suis issu d’une famille de commerçants. Mon père travaillait comme dépositaire de la levure fraîche (hirondelle), dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Donc, j’avais déjà une vision sur ce métier artisanal ». Avec l’aide de l’Etat dans les deux opérations de 10 000 boulangeries, le wali de Tizi-Ouzou, de cette époque, nous a demandé d’ouvrir une boulangerie, compte tenu de la pénurie du pain. « Comme nous sommes dépositaire de levure fraîche, produit principal pour la fabrication du pain, nous avons pu ouvrir cette boulangerie », enchaînera-t-il en soulignant que les conditions de travail n’étaient guère propices. « Dans les années 80 et 90, les charges et les impôts n’étaient pas trop chère comme c’est le cas aujourd’hui », expliquera-t-il. Et d’ajouter: « Le métier de boulangerie est très dur. Il faut se lever tôt, se fatiguer et suer ». Cet ancien artisan envisage alors de fermer sa petite entreprise pour se donner à un autre métier. « Ce métier légué par nos ancêtres, de père en fils, considéré comme noble, est devenu un métier par contraint et par besoin. C’est comme les chanteurs d’aujourd’hui ! Chaque jours en entend parler d’un nouvel album qui est mis sur le marché », soulignera notre interlocuteur. Notre source révèle certains aléas qui ont rendu la profession de plus en plus délicate. « En plus de la cherté des matières premières et du matériel, la nette régression de consommation du pain, la concurrence et le manque de main d’œuvre ont obligé les boulangeries à baisser rideau», dira-t-il encore. Selon lui, il faut que les responsables du secteur s’y mettent pour réorganiser cette profession, car les conditions des années 80 et 90 et d’aujourd’hui ne sont aucunement identiques. Interrogé sur l’aide de l’Etat aux jeunes pour la création des unités de boulangeries, notre interlocuteur nous dira : « L’Etat a favorisé l’anarchie à la dégradation de la profession!!! ».
A. G.
