Ifri, un jour d’Août 1956

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Le FLN et l’ALN, en ce début d’août 1956 faisaient face au plus gros des troupes françaises : 220 000 hommes et le gouverneur Lacoste en a demandé 200 000 de plus. Le FLN est parvenu à réaliser l’unité autour de lui. Les centralistes comme les partisans de Ferhat Abbas l’ont rejoint. Mais peut-il pour autant se prévaloir d’assez de puissance pour diriger la lutte et être à la hauteur de l’implication populaire ? Les responsables du FLN ressentent alors le besoin de faire le point, de se doter d’une organisation solide et de donner un contenu politique à la lutte de la libération. Il fallait réunir les chefs des régions militaires et des responsables politiques. Ce qui fut fait le 20 Août 1956 dans une petite maison isolée du village Ifri, dans la commune d’Ouzellaguen. Un congrès capital qui imprime une autre dimension au FLN et à la lutte armée. On y décida de l’organisation du FLN dans les villes et villages, de la structuration de l’armée de libération nationale, du travail de propagande, mais on y décida surtout de la mise sur pied de deux organes de direction qui allaient gérer la suite de la guerre. Le conseil national de la révolution algérienne (CNRA), direction politique du FLN et le comité de coordination et d’exécution (CEE) représentant en fait l’état-major du FLN. Il est chargé de coordonner les tâches militaires et celles liées à la Révolution. Le CNRA, seul habilité à prendre des décisions politiques et à engager le pays vers un éventuel cessez-le-feu, était de composition « large et unitaire », comprenant autant des cadres de la résistance et des combattants de la première heure que d’anciens centralistes ralliés plutard au FLN, ou des militants du parti de Ferhat Abbas, Ferhat Abbas lui-même, ainsi que des oulémas. Le CEE, quant à lui, est plus restrictif, composé des chefs de l’intérieur : Ben M’hidi, Abane Ramdane, Krim Belkacem et Saâd Dahleb, auxquels se joindra Ben Khedda. À l’issue de ces assises, le FLN et l’ALN verront leur aura et prestige grandis aux yeux du peuple, mais surtout ils aboutiront à une stratégie de sortie de la guerre. Prêts à se battre, comme à négocier.

N. Maouche

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