Natif du Aarch Iwakouren, du village Ighzer, en 1927, Mouloud Berkai, acteur de la première heure de la cause nationale, a commencé comme la plupart des jeunes de son âge à militer dans les rangs du MTLD, vers la fin des année 1940, avant de rejoindre le FLN dès le déclenchement de la guerre de libération nationale, le 1er Novembre 1954. Enrôlé dans le groupe du sergent Bessaoudi Arezki, un rescapé de la guerre d’Indochine, il participera, avec 25 de ses compagnons d’armes, à la première grande bataille de la wilaya 03 historique, à Alaouv, à proximité de Tiksiridene actuelle commune de Chorfa en bordure de la RN15, en mars 1955. La bataille opposa son groupe à un important convoi militaire des forces coloniales qu’il décima, leur causant d’énormes pertes. Des témoins de cette légendaire bataille rapportent que 45 soldats français y furent tués et qu’un grand nombre d’entre eux fut blessé. Grisés par la victoire, les fédayins tardèrent à décrocher et furent surpris par les renforts dépêchés à partir de la caserne de Chorfa. C’est alors que 04 compagnons de Aami Mouloud tombèrent au champ d’honneur sous le feu nourri d’un blindé. Lui-même fut blessé à la jambe et fait prisonnier pour être conduit à la prison de Serkadji à Alger. Il fut jeté dans une cellule, sans soins, dans le couloir de la mort. Il y attendra son exécution durant 3 mois après avoir été condamnée à mort au tribunal de Bouira. Le Moudjahid Boussoura Belaïd, un autre condamnée à mort, lui aussi blessé et fait prisonnier dans la bataille de Tiverahin à Ivehlal commune d’Aghbalou durant la même année en novembre 1955, raconta que Mouloud Berkai a été remarqué par les prisonniers algériens de Serkadji qui ont vu ses deux mains s’agripper à la minuscule lucarne de sa cellule isoloir. Ils donnèrent l’alerte après que sa présence dans ce mouroir a été confirmée par un prisonnier marocain de droit commun qui était chargé des corvées par les responsables du pénitencier. Le FLN a aussitôt envoyé maître Arezki Bouzida pour le secourir avec l’aide du Bâtonnier d’Alger Amaar Bentoumi. Sous la pression des deux avocats, le fédaye fut retiré de son cachot extrêmement faible, avec la blessure de sa jambe infectée, une jambe qu’il perdra après sa libération après avoir contracté la gangrène. Il fut sauvé par Ahmed Zabana et le compagnon du colonel Amirouche, Babouche Saïd, deux autres condamnés à mort qui eurent le temps de le soigner et le sauver d’une mort certaine avant d’être exécutés tous les deux. Il a été le seul de cette nouvelle cellule à être épargné par la potence de Serkadji grâce au combat des deux avocats qui le défendirent avec acharnement. A souligner aussi que son tortionnaire, un gardien de prison à Serkadji, a été exécuté par un commando de l’ALN. Les autorités militaires françaises décidèrent de le transférer à Lambèse toujours dans le but de l’exécuter en le jetant dans le couloir de la mort, une sentence que les mêmes avocats retardèrent durant deux ans encore. Dans le but d’arracher son dossier à ces deux avocats acharnés, il a été transféré en France dans la prison des baumettes, à Marseille. Il fut donc de nouveau jeté dans le couloir de la mort pour attendre son exécution. Cette fois-ci, ce fut maître Verges qui prit le relai de maître Bouzida et fit reporter, de date en date, l’exécution de la sentence. Aami Mouloud sera sauvé in extremis par la proclamation du cessez-le-feu. Il rejoindra aussitôt les rangs de l’ANP et sera affecté durant deux ans à Sétif. Il reviendra à la vie civile et travaillera dans plusieurs secteurs jusqu’à la retraite. Il convient de rappeler que son père Saïd et son frère Mohand sont tombés au champ d’honneur durant son incarcération. Aami Mouloud a perdu sa 2ème jambe il y a 5 ans et est condamné à finir ses jours dans un fauteuil roulant.
O.S