Au début, c’était un film documentaire qu’il voulait faire sur la vie des toxicomanes qui fréquentent le quartier Porte de la chapelle à Paris. Mais Jordis Tristan a finalement opté pour l’écriture qui, dit-il, s’est imposée à lui. « Au début, j’ai voulu faire un film documentaire pour raconter et décrire la vie des toxicomanes de la Porte de la chapelle. Mais devant la dangerosité du projet, le milieu étant prompt à la violence, j’ai été obligé de me tourner vers l’écrit. Cette alternative s’est imposée à moi », a expliqué d’emblée, l’auteur du Crack, paru en 2008. Ce livre est le fruit d’un an de travail : une véritable plongée dans l’univers des toxicomanes, avec lesquels il passaient des nuits entières pour s’imprégner de ce milieu dangereux. « Il m’a fallu passer un an dans ce monde à part pour pouvoir le décrypter. L’écriture était devenue pour moi un remède pour me libérer de l’angoisse qui s’est emparée de moi », a avoué Tristan, qui a fait plusieurs études en sciences sociales. A la question de savoir comment il a pu s’introduire dans ce milieu, l’auteur répondra qu’avec le temps, sa naïveté a fortement contribué à ce qu’il soit accepté par les dealers, notamment. « Il y a deux facteur qui m’ont permis de gagner la confiance de ces gens. D’abord, la longue durée du temps que j’ai passé avec eux. Ils ont appris à me connaître. Il y a aussi ma naïveté qui fut considérée comme un gage de confiance. Par le mot naïveté je veux parler de mon refus à juger ou condamner ces personnes. Ils ont perçu que j’étais là pour comprendre », expliquera Tristan. L’auteur qui s’est dit réjoui de parler devant une assistance plus nombreuse que celle qu’il trouve en France, a parlé également de son deuxième ouvrage intitulé ‘’Le courageux mourra dans la bataille’’, consacré au printemps arabe et au soulèvement populaire du peuple égyptien en 2011. « Il est vrai que les médias nous transmettaient des infos, en continu, sur ce qui se passaient à la place Tahrir. Mais, les couvertures médiatiques étaient insuffisantes pour moi. Je voulais savoir et comprendre qu’est ce qui se passait dans la tête de ces militants qui réclamaient la chute du régime », confiera l’écrivain, qui a vécu plusieurs mois au cœur de la révolution égyptienne, au Caire, pour nous rédiger son deuxième livre. « Je me suis intéressé au phénomène de l’union contre nature des libéraux, des salafistes et des démocrates pour renverser le régime », a déclaré Tristan, pour qui, les Egyptiens se sont soulevés, en premier lieu, non pour destituer Moubarek, mais juste pour réclamer du travail et de la nourriture. Mais, les choses ont vite évolué notamment à travers les réseaux sociaux et les médias, pour aboutir à la chute de Hosni Moubarek, a-t-il affirmé.
Boualem Slimani