Durant toute l’année, les villages reculés de la région d’Ath Waghlis demeurent quasi fantomatiques. Le rythme de la vie coule langoureusement. La situation se réanime, un tant soit peu, durant la période estivale. Des villageois partis s’installer ailleurs, dans les autres wilayas du pays ou dans l’hexagone y reviennent. Le retour au bercail, le temps d’une saison, est plus que vital de l’avis de nombreux enfants du village installés dans d’autres contrées, généralement de l’autre rive de la mer. Les retrouvailles sont agrémentées de bons souvenirs d’enfance, les moments de joie et de peine. Les discussions sont menées à bâtons rompus. Les fêtes de mariage sont l’occasion idéale pour se retrouver entre frères, cousins, amis… autour d’une table garnie de couscous, de viande et de dessert. Qu’il soit copieux ou frugal, ce repas est le synonyme d’une tradition ancestrale jalousement gardée par les Kabyles. Les patelins retrouvent une certaine animation dans la période estivale où se côtoient les algérois, les oranais, les constantinois, les émigrés entre autres. Ces familles installées ailleurs tiennent mordicus que le retour à la terre des aïeux est un moment propice pour se ressourcer et ne pas couper le lien qui les lie à la Kabylie. « Le cours de la vie nous a menés vers d’autres cieux, il reste néanmoins que le retour au bled est toujours un événement heureux », soutient un jeune émigré installé en France. Les différentes bourgades de la région constituent un havre de paix et un lieu de villégiature pour les estivants. Les vacances passées au village sont plus que jamais un rendez-vous avec une atmosphère paisible, une occasion pour se délester du fardeau quotidien rythmant la vie en ville et s’oxygéner les poumons de l’air frais de la campagne.
Bachir Djaider