Pour rejoindre le village Adjaba, il n’y a qu’un seul chemin, à partir du chef-lieu de la commune de Maâtkas, au sud de la ville de Tizi-Ouzou.
À partir de Maâtkas, il faut emprunter le CW147 sur près de 5 kilomètres jusqu’à Tizi Lilane, ensuite il faut bifurquer à gauche et prendre l’unique route vers Adjaba. Le chemin est trop dégradé et étroit. Dans certains endroits, deux véhicules ne peuvent passer à la fois. L’entrepôt de matériaux de construction (sable, pierres, bastings) sur les accotements réduit significativement la largeur de la chaussée. C’est dire que l’élargissement de la route et son bitumage seront à coup sûr les bienvenus. Ce hameau, totalisant près de 1 000 habitants, ressemble à tous les villages de la Kabylie. Les manques sont nombreux. Le réseau du gaz naturel inscrit n’est pas encore réalisé. Le réseau de la téléphonie fixe n’existe pas et c’est le cas dans tous les villages de Maâtkas. Pour se connecter, il n’y a pas d’autres solution que de se rendre au chef-lieu communal. Concernant le réseau de l’assainissement et de l’AEP, notre interlocuteur dira : « Le réseau de l’assainissement est disponible. Celui de l’AEP aussi, mais il est vétuste et nécessite d’être refait en PEHD. La distribution de l’eau est toujours rationnée été comme hiver ». Dans ce hameau, point de salle de soins, point d’antenne de mairie et de bureau de poste. « Pour la moindre injection, nos patients doivent se rendre au chef-lieu communal ou à la polyclinique de Souk El Tenine. Pour ce qui est des documents administratifs, le retrait d’argent ou l’envoi d’un courrier, il faut se déplacer jusqu’au chef-lieu communal ». Notons, que dans d’autres localités, même des hameaux de quelques dizaines d’habitants sont dotés de tous les services. Les écoliers du village sont scolarisés à l’école du village voisin d’Ikharvane qui se trouve à quelques centaines de mètres. Pour ce qui est du secteur de la culture et du sport, aucune infrastructure et aucun espace pour la masse juvénile n’est disponible. Les villageois aimeraient bien bénéficier de projets pour améliorer leur cadre de vie. Comme le hasard fait bien les choses, nous avons appris alors que nous visitons le village qu’une centenaire fête son anniversaire. Nous avons décidé de lui rendre visite.
Nna Fatima, 100 ans et toujours lucide
Mme Derriche Fatima, née Hadadi, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a vu le jour le 14 août 1914. Elle vient de boucler son centenaire. Son fils Rabah a décidé d’organiser une waâda pour célébrer le centenaire de sa génitrice. Une vielle femme entourée de sa nombreuse descendance, avec laquelle nous avons eu un brin de causette. Il s’avère à notre grand étonnement qu’elle a encore une mémoire fraîche, une bonne santé physique et surtout une lucidité irréprochable. Toutefois, les nombreuses années qu’elle a vécues sont venues à bout de sa vision. « La seule chose qui me manque c’est la vue que j’ai perdue il y a seulement une année ». Nna Fatima que nous avons questionnée à propos de la vie d’autrefois et surtout de la guerre de libération dira avec beaucoup de conviction : « Autrefois, lorsque j’étais jeune, je travaillais au champ avec mon défunt époux. A chaque saison, il y avait quelque chose à faire. Presque tout le monde était paysan. nous vivions de la terre. Pendant la révolution, nous avons enduré le calvaire. L’armée coloniale nous offrait un peu de nourriture : cinq kilos de semoule par personne et par mois. La guerre était atroce et pénible, nous vivions constamment la peur au ventre. Mais notre foie en la justesse de notre cause a fini par payer. Dieu merci, notre pays est libre. A présent, la vie est plus belle, les gens mangent à leur faim et vivent dans de meilleures conditions ». Rappelons que Nna Fatima a une famille de 280 personnes entre fils, filles, petits fils et arrière petits fils… Longue vie à Nna Fatima qui n’a pas manqué de bénir notre pays et toute sa jeunesse. « Puisse dieu protéger notre pays et toute sa jeunesse », dira-t-elle.
Hocine T.