La SOCERCA d’Amizour mise en liquidation

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Et voilà la fin de l’ère SOCERCA Amizour. Après plus de deux décennies d’existence florissante, avec une réputation nationale, l’unité carreaux sol, filiale du groupe SGP, est mise en liquidation depuis le 20 du mois écoulé, apprend-on de quelques désormais ex-employés de cette usine en faillite.

Aucune offre de reprise d’activité n’est prévue à l’issue de la date limite de cette phase finale de fermeture fixée au 27 septembre prochain. La décision de dissolution a été prononcée lors d’une AGE tenue le 20 Août dernier, devant les 100 travailleurs de l’usine et avec lesquels il a été décidé de mettre un terme définitif à leur relation de travail, en contre partie de verser à chacun d’eux une bagatelle de 1,5 millions de DA. Cette décision a été prise lors d’une petite tripartite regroupant des représentant du SGP, de la direction locale et du partenaire social UGTA, tenue une semaine auparavant et ayant débouché sur un protocole d’accords approuvant la mise en dissolution de l’unité et l’engagement de payer les départs des travailleurs. A présent rien n’a été filtré quant à l’avenir de cette unité de carreaux sol, mais tout ce que l’on sait c’est que son directeur est désigné liquidateur, et que la quasi-totalité des travailleurs ont déjà quitté les lieux, reste ceux chargés de la sécurité et un noyau du staff de direction. Ce coup de rabot sur le secteur économique à Amizour, qualifié de parent pauvre, est venu malgré que le comité de participation ainsi que le syndicat UGTA avaient affiché il y a quelques temps, leur opposition à toute dissolution de l’unité SOCERCA. « Ce serait un crime prémédité à l’encontre des travailleurs si la décision de fermeture devient effective », estimaient les deux parties pour répondre à la décision de l’époque du SGP de procéder à la dissolution de l’usine en déficit. Mais voilà que cela est arrivé en plus avec le consentement de tout le monde, sachant que les 100 travailleurs ont été mis à rude épreuve, en les laissant sans salaires pendant plus de 6 mois, et sans aucune lueur d’espoir de songer au redressement de la situation catastrophique vécue par les carreleurs amizourois, lesquels avaient suivi un mouvement de grève de plusieurs mois. « Nous ne pouvons que nous réjouir malgré tout. Car, nous savons pertinemment que les pouvoirs publics n’ont affiché aucune volonté de redresser la situation par injection d’argent et renouvellement des équipements de production obsolète. Au moins avec cette somme d’argent, chacun de nous s’occupera dignement de sa famille, sans que cela ne laisse au fond de nous un sentiment de remords que notre usine disparaisse définitivement », diront en substance quelques travailleurs de la SOCERCA. Mais la question qui reste à poser est celle relative à l’aide financière attendue depuis longtemps pour redonner un second souffle à l’usine. Les 15 milliards de centimes distribués aux employés en contrepartie d’un départ volontaire sans bruit pourraient suffire pour sauver les meubles d’une unité jadis fleuron industriel de toute une région. Mais préférer les débourser pour enfin aller à la dissolution, cela explique à fortiori que la fermeture de cette usine était calculée d’avance et programmée à passer coûte que coûte. Par ailleurs, le grand perdant dans cette affaire est la région d’Amizour, ayant un tissu industriel des plus maigres et dont les responsables jettent leur dévolu à convaincre les pouvoirs publics pour la création d’une zone industrielle, seul moyen à mettre en œuvre pour absorber le chômage galopant de la population locale. Sachant que cette commune ne souffre pas de manque de foncier, mais à vrai dire le sort de l’unité Socerca pourrait être un mauvais exemple qui découragera les potentiels investisseurs. Car, au lieu de chercher à créer des usines, il faut d’abord savoir sauvegarder celles déjà en place, mais en vain. La SOCERCA, désormais, fait partie du patrimoine ancien, avec tous les bons et les mauvais souvenirs une fois le carreau se retire du sol.

Nadir Touati

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