La décharge de la discorde

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Ni les collectivités locales, ni les services de sécurité, ni même les hautes autorités n’ont pu régler le problème de la décharge qui demeure donc fermée par certains habitants de Biziou depuis maintenant plus de deux semaines.

Ainsi, près de 100 000 habitants sont condamnés à subir les désagréments qu’engendrent des monticules de déchets ménagers ! Devant cet état de fait, des citoyens ont décidé avant-hier soir, la réouverture, par la force, de la décharge. Une confrontation avec les habitants frondeurs de Biziou se profile donc à l’horizon. Et pour le moment, les hautes autorités ne semblent pas juger utile de réagir.

Une confrontation entre habitants a déjà été évitée de justesse

Avant-hier soir, au niveau de la salle de délibérations de l’APC d’Akbou, des dizaines de citoyens ont animé un rassemblement à l’improviste. L’ordre du jour : trouver une solution à la situation critique qui prévaut dans la région notamment en l’absence de réaction des autorités compétentes. Ainsi, les habitants sont partagés.  Il y a ceux qui sont pour l’usage de la force pour rouvrir la décharge et ceux qui sont contre. « Nous devons éviter l’affrontement avec les habitants de Biziou. C’est à l’APC de régler ce problème. Qu’elle assume», disent certains citoyens. D’autres en revanche sont allés fermer, en premier lieu, la RN26 au niveau du parc communal avant de se diriger vers la décharge. La situation a failli dégénérer. En effet, les habitants d’Akbou ont été empêchés par les protestataires de Biziou de rouvrir la décharge. L’atmosphère était tendue. En parallèle, des camions transportant des ordures ont été autorisés, vers 20h00, de sortir du parc communal. Ainsi et selon nos sources, le maire d’Akbou aurait autorisé la sortie des engins communaux pleins de déchets sans en calculer les conséquences. Grosse erreur ? M. Iskounène, vice-président, dit ignorer, quant à lui, qui a donné l’autorisation. Profitant de la situation, et à défaut d’une médiation contrôlée, les trois remorques ont été vidées au niveau du carrefour de Taheracht, à l’entrée de la décharge et enfin au pont de Biziou. « Avec ce geste purement revanchard, les habitants de Biziou seront aussi privés de se rendre à Akbou », gronde un des habitants d’Akbou. Ainsi, la route menant vers Biziou et les localités d’Ath Aidel était fermée, hier matin, à la circulation par des amas de déchets. « Nous avons tout fait pour résoudre ce problème, mais en vain. Alors, quoi faire ? La situation risque de dégénérer si les hautes autorités ne réagissent pas dans l’immédiat », conclut M. Iskounène vice P/APC.

Où sont les autorités ?

Une catastrophe écologique est en train de se produire devant « l’immobilisme » des autorités. Des tonnes d’immondices s’entassent entre les milieux urbains. En temps normal, au quotidien, les éboueurs de la voirie d’Akbou ramassent près de 40 tonnes par jour. Mais que dire de la quantité de ces déchets en ce moment ? Le quartier 17 octobre 1961, à Arafou reflète on ne peut mieux la gravité de la situation, en l’absence d’un ramassage régulier. « Nous sommes sidérés par cette situation. Une commune, avec des réserves se comptant en milliards, n’arrive pas, et cela depuis des années, à régler le problème de la décharge. C’est inadmissible », fulmine Achour, habitant de ce quartier. Certains enfants, impliqués malgré leur jeune âge, ont puérilement procédé à plusieurs reprises, à l’éparpillement des poubelles au milieu de la route : « comme çà ils seront obligés de les ramasser et nous débarrasser de cette ordure », diront-ils. Pour l’opposition au sein de l’APC, la responsabilité incombe à l’exécutif communal, à sa tête le P/APC, M. Abderrahmane Bensbaâ. « Je dénonce l’attitude du maire qui n’a même pas fait l’effort de convoquer une assemblée extraordinaire », dira Mouloud Salhi, n’arrivant plus à retenir sa colère. Notre interlocuteur rappelle que le problème ne date pas d’aujourd’hui. En effet, il y a deux ans, un PV de réunion dont nous détenons une copie a été ficelé en gage de recommandations entre l’APC d’Akbou et des représentants du village de Biziou. Il s’agit de l’engagement de la commune à entamer des travaux d’entretien du dépotoir afin de réduire sa nuisance. Néanmoins et selon nos sources, le géomètre sensé délimiter la décharge, n’a été engagé que récemment. « C’est à cause de ce blocage que nous avons tardé à entamer les travaux. Le travail du géomètre est en train de s’affiner après quoi nous comptons procéder à des démarches pour arrêter un industriel privé qui s’est accaparé d’une bonne partie de la décharge », expliquera notre source. « En deux ans, rien n’a été fait. C’est l’APC d’Akbou qui est responsable de cette situation. Il faut savoir anticiper les problèmes, tout de même ! Et dans ce cas, le maire n’a pas pris en considération ces mesures », ajoutera, de son côté  M. Salhi. Sur la même longueur d’onde, Lahlou Saâdi, élu de l’opposition, évoque, pour sa part, le silence de l’autorité de la willaya : « où est l’autorité du wali et de l’APW ? Un problème qui est en train de s’envenimer entre deux communes sans susciter de réactions, c’est grave ! Il y a en plus un grand problème de santé publique qui se profile et un risque d’affrontement entre citoyens », dira-t-il, avant de lancer un appel au calme.

M. Ch

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