« C’est une mascarade ! »

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C’est un Abdelkader Kadi des mauvais jours qui a effectué, hier, une brève visite à Bouira. Le ministre des Travaux publics s’est dit « consterné » par le rythme des travaux du tronçon autoroutier, situé entre Bouira et Lakhdaria, sur une distance de 33 kilomètres.

«C’est une véritable catastrophe, ou plutôt une mascarade. Tous les acteurs de ce projet doivent assumer leurs responsabilité », a-t-il indiqué. Mais, c’est l’ETRHB-Haddad, laquelle est, selon le ministre, « défaillante », qui a reçu une véritable volée de bois vert.

L’ETRHB-Haddad accablée

« Votre entreprise est défaillante sur toute la ligne ! Depuis l’entame du projet, vous n’avez pas cessé d’accumuler les retards et autres arrêts. Cette mascarade doit cesser », assènera M. Kadi au représentant de l’ETRHB, qui s’est contenté de baisser les yeux et encaisser sans broncher. Visiblement, le ministre des Travaux Publics en avait gros sur le cœur à propos de ce projet, dont les délais initiaux sont achevés depuis déjà deux mois. « Ce que vous êtes en train de faire est honteux. Vous bloquez tout un projet. Et à cause de vous, les citoyens vivent un véritable calvaire. Désormais, c’est simple : soit vous travaillez, soit vous faites vos bagages », lancera M. Kadi à la face du représentant de l’entreprise incriminée. Et comme cela ne suffisait pas, un responsable de l’Agence nationale des autoroutes (ANA), n’hésitera pas à « enfoncer » d’avantage cette entreprise en déclarant : « Nous ne savons plus quoi faire avec eux ! On a tout essayé mais à chaque fois c’est toujours le même problème », a-t-il déploré. Dans le but de mettre un terme à cette situation pour le mois absurde, le ministre prendra la décision de convoquer tous les acteurs de ce projet afin de clarifier les choses et mette chacun devant ses responsabilités. « Je veux voir tout le monde à mon bureau ce mardi. Cette catastrophe doit cesser et le projet doit impérativement redémarrer. Les entreprises sérieuses et qualifiées, ce n’est pas ce qui manque ! », lancera-t-il. Ces remontrances à l’égard de l’ETRHB-Haddad ont fait « plaisir » à plus d’un, notamment à des membres de l’exécutif local. L’un d’eux dira d’un ton ironique : « Désormais, on va voir la puissance présumée de cette entreprise ». Pour rappel, l’ex-wali de Bouira, M. Ali Bouguerra, accompagné d’un haut responsable du ministère des Travaux publics, avait annoncé en septembre 2012 dernier, que le chantier de la mise à niveau de ce point noir du tronçon autoroutier débuterait au mois d’octobre de la même année et que les entreprises chargées des travaux avaient même déjà été choisies (ETRHB-Haddad et Altro). Cependant et deux années après, le chantier n’a enregistré aucune avancée notable, ni même la moindre réfection. Seuls quelques panneaux de signalisations ont été installés pour dévier les camionneurs vers la RN5. Les crevasses et autres nids de poules y sont légions et constituent un réel danger pour les usagers. D’ailleurs, à certains endroits, cette route est littéralement impraticable.

Pénétrante d’Ahnif : Kadi joue l’apaisement

Concernant le projet de la pénétrante de l’autoroute Est-Ouest au niveau d’Ahnif, lequel est bloqué par pas mois de 250 propriétaires terriens, expropriés et qui jugent leurs indemnités dérisoires, le ministre a joué la carte de l’apaisement. « L’Etat ne souhaite léser personne. Tous ceux qui s’estiment lésés par le prix de l’indemnisation peuvent saisir les domaines ou au pire des cas, la justice », dira M. Kadi d’un ton calme. Il faut dire que le ministre était sur un « champs de mines » et devait faire preuve de beaucoup de délicatesses et de doigté dans le but de tenter de débloquer la situation. Interpellé par certains expropriés mécontents, l’hôte de Bouira tentera, tant bien que mal, de « calmer le jeu », en garantissant que « des efforts doivent être faits de part et d’autres ». « Je suis venu à votre rencontre avec l’intime conviction que vous êtes des gens pourvus de sagesse. Et je ne me suis pas trompé. Vos terres, vos arbres seront indemnisés à leur juste valeur, mais il faut que vous compreniez que tout le monde doit agir dans le respect total de la loi », précisera le ministre. Ces assurances n’ont pas totalement convaincu les expropriés, qui ne voulaient pas lâcher prise. L’un d’eux dira au ministre : « On ne vous demande pas la lune, mais juste notre droit. On ne veut pas être accusé de bloquer un projet d’utilité publique, nous sommes des algériens avant tout. Cependant, on n’acceptera pas que nos terres soient sous estimées. 290 DA le mètre carrée, c’est une honte M. le ministre ! ». Devant les divergences des uns et des autres, M. Abdelkader Kadi s’est engagé à « étudier la question en profondeur », mais à une condition : que les travaux ne soient plus bloqués. Pour rappel, au mois d’août dernier, plusieurs dizaines de propriétaires terriens et de biens immobiliers situés sur le tracé de la pénétrante de Béjaïa, au niveau des communes d’Ahnif et Ath Mansour, sont montés au créneau pour dénoncer l’attitude « méprisante » des pouvoirs publics quant à la manière avec laquelle a été menée leur indemnisation.

Ramdane Bourahla

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