Les chantiers otages du dictat des entreprises

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Malgré les promesses, aucune nouvelle infrastructure n’a été livrée, cette année, pour l’université de Tizi-Ouzou. Une responsabilité qui incombe aux entreprises peu engagées. C’est ce qui ressort de la réunion d’hier consacrée au secteur, suite à laquelle le wali a exigé l’application des mesures «les plus sévères» à l’encontre des entreprises réticentes. Les chantiers du secteur de l’enseignement supérieur n’avancent guère ou pas comme il le faudrait. Ainsi, après les promesses des maitres d’œuvre, il y a plusieurs mois, de mettre le paquet pour en livrer le maximum à la rentrée 2014, voilà que la rentrée est arrivée, et ni places pédagogiques ni encore moins des lits ne sont livrés. Hier donc, ces projets en cours de réalisation pour le secteur de l’enseignement supérieur à Tizi-Ouzou ont été évalués lors du la réunion tenue au siège de la wilaya. Au fil des présentations, un seul constat : un laisser aller de la part de certaines entreprises. Il est fait par le directeur du logement et de l’équipement public (DLEP), le doyen de la faculté des lettres à l’université Mouloud Mammeri, mais aussi par le wali, M. Abdelkader Bouazghi qui n’a d’ailleurs pas hésité à instruire le Dlep d’«appliquer la réglementation dans son cadre le plus sévère», afin de pousser les entreprises à travailler plus sérieusement. Tout en appelant l’administration à assister les entreprises qui veulent travailler en leur facilitant la tâche. C’est ainsi qu’il sollicitera le maître de l’ouvrage afin de résilier le contrat avec l’une des entreprises jugé comme étant la plus défaillante. Il s’agit de l’entreprise Kessi, en charge de la réalisation de 4 000 lits à Tamda. Concernant les autres entreprises, aucune excuse ne sera dorénavant acceptée. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le premier magistrat de la wilaya. Ce dernier a d’ailleurs eu du mal à dissimuler son pessimisme quant aux promesses de livraison de quelques réalisations pour la prochaine rentrée universitaire. Certaines entreprises présentes se sont, en effet, portées garantes pour une livraison de structures avant la rentrée prochaine de 2015/2016.

Faire face à une croissance annuelle de près de 2500 étudiants

C’est le cas pour le projet de 2 000 lits confié à l’entreprise Abersi où le taux d’avancement des travaux est à 55% pour une livraison promise à fin juin 2015. L’entreprise chinoise CGC Overseas Construction s’engagera pour sa part à livrer son quota de 3 000 lits pour fin 2015. Ceci, avant que le wali n’intervienne pour solliciter plus d’effort pour que cela se fasse pour la rentrée prochaine. Côté places pédagogiques, la promesse d’Euro Casa de livrer ses 6 000 places pour la rentrée de 2015/2016 n’a semblé convaincre personne parmi l’assistance. D’autant plus que lors de la dernière réunion, tenue il y a quelques mois, consacrée au même projet, cette entreprise s’était engagée à livrer 4 000 places pédagogiques pour la rentrée 2014/2015. Le wali relèvera le taux d’avancement des travaux actuellement très bas, estimé à moins de 25%. Mais aussi le manque d’effectif engagé dans ce projet. Pour un chantier de 6 mille place pédagogiques, Euro Casa travaille, en effet, avec 98 ouvriers. Une réalité que partagent d’autres maîtres d’œuvre appelés d’ailleurs à renforcer leurs effectifs. C’est le cas d’Ai Châu, ou encore de l’Entreprise Sarl Ergosot. Le directeur du logement et de l’équipement public, Mustapha Banouh, expliquera pour sa part que l’administration a fait en sorte de régler tous les problèmes, notamment financiers, soulevés à chaque fois par les entreprises, relevant au passage que, de leur côté certaine entreprises chargées du programme ne font pas d’efforts «et ne mettent pas les moyens nécessaires». Le doyen de la faculté des lettres à l’université Mouloud Mammeri, Ahmed Zayed, rappellera lors de son intervention qu’une fois de plus «une adaptation des programmes et déménagement des classes» sera nécessaire pour répondre à la demande. L’universitaire expliquera au passage que cette année c’est la fin du système classique au niveau de l’université de Tizi-Ouzou, remplacé par le système LMD. Les étudiants sont désormais soumis à un cursus universitaire de 5 ans au minimum. Avec ça, «il sera enregistré chaque année une croissance de 4 à 5% d’inflation avec 2000 à 2500 étudiants en plus», dira-t-il. Les projets pédagogiques et d’hébergement sont plus qu’indispensables pour parer à la crise qui se profile à l’horizon.

Tassadit. Ch.

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