«L’élu sans cravate», comme le surnomment les «Ouled El Houma» des rues Didouche, Ben M’Hidi et Debbih Cherif, est pleinement conscient que son rôle premier est de «répondre à tous les problèmes des citoyens en tant que commis de l'Etat et élu du peuple».
Ce maire de 48 ans, affilié au Mouvement populaire algérien (MPA), s’est de tout temps appuyé sur ce qu’il appelle la «gestion participative» à travers le contact avec le mouvement associatif et la rencontre avec la société civile. Et «le résultat aujourd’hui est palpable», affirmait, hier au Forum d’El Moudjahid, celui qui multiplie les sorties sur le terrain depuis le début de sa mandature en décembre 2012. Outre les travaux d’aménagement du centre-ville, le président de l’APC d’Alger-centre a lancé de multiples chantiers : récupération des salles de cinéma, restauration des écoles, embellissement des façades, aides aux nécessiteux et surtout une ébauche d’une vie octurne. Reste à l’élu du MPA trois ans pour accomplir la métamorphose.
«Un nouveau découpage administratif s’impose pour la capitale»
Pour le maire d’Alger-centre, un redécoupage administratif s’impose pour la capitale, au vu des nombreux problèmes qui viennent se greffer à la gestion quotidienne de la ville. Alger doit jouir d’un statut particulier en sa qualité de capitale et surtout des nombreux problèmes dont elle souffre. Concernant le territoire de la commune dont il est le maire, Abdelhakim Bettache ne cache pas les soucis qu’il rencontre au quotidien concernant le ramassage des ordures, l’élagage des arbres, l’éclairage public, activités confiées à des Epic, d’ou les répercussions sur les tentatives d’embellissement des quartiers. C’est pourquoi, le conférencier a indiqué qu’en revoyant le découpage administratif, il sera aisé d’assurer toutes ces tâches. De plus, réglementer le système de fermeture des cafés, boulangeries et restaurants, notamment durant les fêtes religieuses, sera effectué selon un décret et tout contrevenant sait ce qu’il encourt en matière de sanction. Aujourd’hui, a indiqué le conférencier, «un nouveau découpage administratif est incontournable», si l’on veut que la capitale se hisse au niveau des capitales méditerranéennes. Et de citer un modèle de gestion qui n’avait pas fait long feu à son lancement par l’ex-gouverneur d’Alger, Cherif Rahmani, mais qui pourrait, selon Abdelhakim Bettache, constituer la solution idoine. «En tout cas, on doit revoir le mode de gestion de la capitale», a-t-il indiqué. «Nommons le CPVA ou autres, la formulation importe peu, mais une nouvelle formule permettra de mieux gérer les tâches dont a besoin la capitale», a-t-il fait remarquer, en ajoutant : «Le découpage administratif est un point parmi d’autres pour entrevoir le plan d’action des entreprises chargées du nettoyage, de la réfection des trottoirs et autres tâches quotidiennes. «Savez-vous que je n’ai pas le droit de changer une ampoule grillée ? l’Erma, chargée de l’exploitation du réseau d’éclairage public, est seule à pouvoir le faire», a indiqué Bettache, désolé. Autre question soulevée hier pour insister sur l’urgence d’un nouveau découpage administratif est celui en rapport avec la délimitation des communes d’Alger : «Dans la commune d’Alger-centre par exemple, une partie de la rue Didouche Mourad est gérée par notre APC, tandis qu’une autre relève de la mairie de Sidi M’hamed. Une partie de la haute Casbah (rue Debah Chérif) est également gérée par sa mairie, tandis que l’autre relève de celle de la Casbah. Avec le nouveau redécoupage administratif, toute la rue Didouche Mourad pourrait relever de l’APC d’Alger-centre», explique-t-il. A cet effet, le président d’APC d’Alger-centre nous renvoie à la dernière réunion gouvernement-autorités locales, durant laquelle le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait, selon lui, nettement précisé qu’il fallait aller, en cas de besoin, vers la création d’une nouvelle Epic de gestion d’ordures ménagères.
«La Sonelgaz et la Seal doivent revoir leur manière d’agir»
Le maire d’Alger-centre dit avoir rencontré d’énormes problèmes avec ces deux sociétés lors des travaux effectués par ces deux entités publiques. «Ces deux entreprises font comme bon leur semble. Une fois les travaux effectuées, leurs agents ne se soucient pas de rendre les lieux comme ils étaient», a fulminé Bettache. C’est pourquoi, la création de nouvelles Epic s’avère nécessaire pour le maire d’Alger-centre qui ajoute : «Ce n’est pas parce qu’il y a un problème d’incivisme qu’on va rester les bras croisés». «À la mairie d’Alger-centre, une quarantaine de nouveaux agents ont été recrutés. Nous allons également nous procurer du matériel, notamment des balayeuses et des nouveaux véhicules de ramassage d’ordures ménagères. L’APC d’Alger-centre lancera, aussi, une campagne de sensibilisation contre l’incivisme.
«Une policemunicipale, la solution pour les petits problèmes de quartier»
Pour le maire d’Alger-centre, la création d’une police municipale est une « excellente chose». Pour assurer la sécurité dans les quartiers, il est désormais question d’un retour de la police communale et de la police de l’urbanisme. «Ce seront des policiers qui seront armés et qui seront sous l’autorité du maire. Ils verbaliseront les habitants pour le jet d’ordures et tout dépassement sur la voirie dans les quartiers d’Alger», a-t-il annoncé. «La police d’urbanisme s’occupera notamment des constructions illicites», ajoute-t-il. Le projet devrait voir le jour dans trois ou quatre mois. Pour ce qui est de la vie nocturne, «il est question de réfléchir à un arrêté ou une instruction pour amener les magasins et restaurants à rester ouverts au moins jusqu’à 21 heures», a avancé Abdelhakim Bettache, qui a lancé un projet pour réanimer le centre-ville, il y a deux ans. Aujourd’hui, le bilan reste modeste. Peu de cafés restent ouverts après 21 heures et beaucoup de magasins ferment avant la tombée de la nuit. «On n’avait pas le pouvoir de réouverture des magasins appartenant à l’État ou faisant l’objet de contentieux entre héritiers. Maintenant, on pourrait appliquer le droit de préemption pour les rouvrir», a-t-il souligné.
Ferhat Zafane