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Au bonheur des dames

De plus en plus porteur, le commerce de la friperie, a réussi en quelques années seulement à investir de larges espaces dans la vie sociale des algériens. Face aux difficultés de la vie et l’érosion du pouvoir d’achat qui a fini par avoir raison de pans entiers de notre société, cette dernière, d’abord réticente, a vite fait de s’accommoder à la nouvelle “mode” vestimentaire qui passe inéluctablement par les habits usités mais pas chers, importés des pays étrangers. Acheminée depuis les zones frontalières, des villes et villages voisins de la Tunisie, ou importée dans des containers à partir des pays occidentaux, la fripe arrive toujours à bon port. Elle atterrit d’abord chez les gros bonnets de ce business avant d’être triée et dispatchée à travers les quatre coins du pays.A ses débuts, dans les villes comme dans les grandes agglomérations, ce phénomène ne touchait que de timides boutiques qui s’aventuraient à faire l’étalage de leurs produits “made in” sans avoir une minime conviction que ce nouveau créneau allait marcher et faire des émules par la suite. Même les prix des produits exposés à la vente qui durant les premières importations, connaissaient une relative hausse ont bien fini par dégringoler à la faveur de la concurrence et de la fameuse loi du marché : l’offre et la demande. Eu égard à sa diversité tant quantitative que qualitative, cette marchandise à bas prix a réussi en un laps de temps record à faire tache d’huile au sein de l’activité commerciale des Algériens. Elle finit par s’imposer même chez les magasins vendant du neuf, et de nombreux commerçants voyant la réalité en face n’ont eu d’autre idée que de se conformer au goût du jour en troquant l’habit neuf contre celui de la fripe. Et c’est à ce rythme que les effets de la friperie “made in” sont arrivés à se placer au devant des étals en occupant d’importants rayons dans les grands magasins.Aujourd’hui, le citoyen algérien peut prétendre s’habiller convenablement et vêtir tous les membres de sa famille à des prix très raisonnables en joignant même la qualité d’une marchandise triée à sa guise. Si dans un premier temps, le rôle d’aller puiser dans les balles de fripes revenait exclusivement au père de famille, de nos jours cette restriction n’est plus de mise. En effet, ce qui relevait au début du domaine exclusif des hommes à qui revient bien évidemment l’exploration en long et en large des magasins, des étals et des marchés à fripes, a fini fort heureusement par s’ouvrir à la gente féminine. Dotée sans l’ombre d’un doute de dons que l’homme ne possède pas, la femme, connaisseuse, plus fine et rigoureuse se charge de l’approvisionnement en habits de “solde” en investissant tous les commerces en la matière. Elle ne se gêne guère comme par le passé pour s’introduire dans les marchés hebdomadaires et jouer même des coudes devant les étals, le but étant de “dénicher” le meilleur produit pour un meilleur prix.Ces jours-ci, le froid de l’hiver aidant et à l’approche de la fête de l’Aïd, les magasins et marchés de la fripe sont de plus en plus sollicités. Ils font même le bonheur de nombreuses familles qui ne possèdent pas les moyens de se permettre du neuf. Les enfants seront assurément contrariés mais quelle attitude peuvent bien adopter les pères et les mères de familles face à un quotidien envahissant et de moins en moins gérable.

Anis. S

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