Tempête meurtrière à Bouira

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Le violent orage qui s’est abattu mercredi soir sur la wilaya de Bouira, sous forme de trombes d’eau dont le taux pluviométrique a atteint les 100 mm en vingt minutes, a mis en crue tous les ruisseaux des communes d’Ahnif, Ath Mansour et El Adjiba où le directeur du CEM et deux élèves ont trouvé la mort.

En effet, le défunt directeur répondant aux initiales de T. R. âgé de 49 ans et originaire de Raffour, a emprunté une piste agricole qui relie le CEM situé en périphérie Sud du chef-lieu de la commune d’El Adjiba à la RN5 à l’entrée du village Ighram, avec à bord de son véhicule quatre collégiennes qu’il a ramassées en cours de route pour les extraire au violent orage. Malheureusement, à l’approche de la RN5, le conducteur a été surpris par une impressionnante crue qui lui est arrivé dessus en s’apprêtant à traverser un ruisseau au lieu dit Ighil Ledjmaa, à l’endroit même où ce ruisseau, qui descend presque à pic des monts du Chréa à partir de Akerrou Ihedjadjen, distant d’environ 15 km, fait jonction avec un autre ruisseau. La furie des eaux ne lui laissa aucune chance. Son véhicule léger fut emporté comme un fétu de paille en le roulant sur lui-même comme un tonneau sur une distance d’environ 200m, avant que son capot ne se retrouve coincé. Obstruant, ainsi, le passage aux eaux, le véhicule se retrouva, en quelques secondes, couvert d’eau avec les quatre passagers à bord. De courageux jeunes riverains, présents sur les lieux, n’hésitèrent pas à plonger dans l’eau tumultueuse pour tenter de sauver les malheureuses victimes coincées à l’intérieur du véhicule. Ils réussirent à en retirer les 03 occupants des sièges arrière, malheureusement l’une d’elles, C. M. âgée de 17 ans, fut emportée par les eaux et ne put être sauvée. Le directeur et la passagère du siège avant, la dénommée S. L. âgée de 12 ans, retenus par les ceintures de sécurité n’ont pas pu être retirés et rendirent, malheureusement, l’âme à l’intérieur du véhicule, malgré les efforts des secouristes dont la plupart se sont blessés dans l’affolement. Il a fallu attendre l’arrivée des sapeurs pompiers qui ont réussi à les retirer. Les deux rescapées de ce drame, qui sont deux collégiennes âgées de 14 ans, ont été évacuées aux urgences de l’EPH de M’Chedallah où le médecin de garde les plaça sous surveillance médicale. A notre arrivée sur les lieux, des dizaines de citoyens, encore sous le choc mais qui affichent une sourde colère, dénoncent la négligence des pouvoirs publics qui n’ont rien fait pour éliminer ce point noir qui ne finit pas de faire des dégâts. En effet, à chaque crue, ce ruisseau cause fréquemment des dégâts, notamment en hiver en emportant des parcelles entières de terrains agricoles, du cheptel allant jusqu’à menacer des dizaines d’habitations et noyer plusieurs vergers. Nos interlocuteurs amputent les causes du débordement à chaque crue, d’abord à l’étroitesse de l’ouvrage d’évacuation sous la RN15 (1.50 X 150 m) d’où en plus du débordement, un refoulement des eaux qui atteint les 04 m de hauteur à l’endroit aménagé en gué là où le véhicule a été emporté. Ajouter à cela le non aménagement de quelques longueurs de corrections torrentielles en aval pour arrêter l’érosion qui fait d’importants dégâts sur les terrains agricoles des deux berges. Les mêmes citoyens affirment que le projet de l’aménagement d’une passerelle à l’endroit même où s’est produit l’effroyable accident, a été retenu et serait même confié depuis une année à une entreprise qui tardent à entamer les travaux. Nous avons essayé de joindre le maire pour recueillir sa version à propos de ces accusations mais en vain, son téléphone ne répondait pas. Les habitants ne pensent pas s’arrêter là et ils promettent de passer à des actions de rue après l’enterrement des deux collégiennes originaires du village Ighram.

Le toit d’une maison s’effondre à la cité «La Gare»

La toiture d’une maison ancienne et vétuste s’est partiellement effondrée, avant-hier, lors de ce violent orage. Cette bâtisse est occupée par une veuve et ses trois enfants qui ont failli mourir noyés à l’intérieur faute de système d’évacuation des eaux qui ont rapidement monté pour atteindre les 02 mètres de niveau comme en témoignent les traces sur les murs. Sans l’intervention des voisins qui ont réussi à les retirer, les membres de cette famille, qui se sont retrouvés pris au piège, seraient, à présent, morts noyés. Aussitôt sauvés et mis à l’abri chez un proche parent, les citoyens secouristes, en colère, ont procédé à la fermeture de la RN5 à la circulation durant deux heures de temps, créant ainsi un embouteillage de plusieurs kilomètres. La route n’a été libérée qu’après l’intervention de quelques sages qui ont réussi à disperser la foule quelques minutes seulement avant l’arrivée d’un escadron anti-émeute. L’affrontement qui aurait pu dégénérer suite à la mort des trois personnes à Ighram a été évité de justesse. Les protestataires menacent, néanmoins, que dans le cas où les travaux sur la passerelle d’Ighram ne démarreraient pas immédiatement et que cette veuve et les deux familles qui ont déposé leurs affaires domestiques dans le hall de l’APC depuis deux semaines pour réclamer un logement, ne sont pas prises en charge, ils recouriront à d’autres actions plus radicales. Rappelons, enfin, que la cité «La Gare», qui abrite de nombreuses vétustes et fragiles bâtisses, enregistre à chaque perturbation climatique ce genre d’effondrement de murs ou de toitures.

Oulaid Soualah

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