Le prix du mouton flambe à aokas…

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Contrairement aux années précédentes,syndrome de la fièvre aphteuse oblige, les marchés informels pour cheptel ovin sont peu nombreux à travers les différentes contrées de la wilaya.

Non seulement la fièvre aphteuse mais aussi les prix exorbitants des moutons sont la cause du non-engouement des vendeurs et des acheteurs. Assurément, nombreux seront ceux qui feront, cette année, l’impasse sur le rite. Force est de constater que cette année encore, un rite, qui à défaut d’être celui d’une fête religieuse et familiale, s’est transformé avec le temps en cauchemar rien qu’à l’idée de dépenser une ou deux mensualités pour satisfaire les enfants. Une virée à l’un des marchés à bestiaux les plus réputés de la région, celui d’Aokas en l’occurrence, nous renseignera d’avantage sur l’offre et la demande. En cette matinée du samedi, seuls quelques maquignons ont exposé leurs petits troupeaux. Entre une dizaine et une trentaine de moutons et chevreaux constituent les différents troupeaux. Les clients potentiels, dans leur majorité ne font que demander les prix pour avoir une idée avant de passer à l’acte qui se concrétisera sur le champ pour les uns, à la veille du jour « J » pour les autres et pas du tout pour une autre frange. Kamel, un maquignon conjoncturel de la région, était en négociation avec un client. Au bout de quelques minutes, ils concluent la transaction. Le mouton d’une quinzaine de kilogrammes de viande a coûté au client la bagatelle de 32.000 dinars et c’était le moins cher du troupeau. Quelques mètres plus loin, c’est Abdallah, un maquignon venu de M’Sila, qui proposera des moutons dont quelques gros béliers. Approché il nous demandera 65.000 dinars pour un bélier de près d’une quarantaine de kilogrammes. Ce dernier aurait été acquis par ses soins auprès d’un éleveur de Sidi Aissa, dans la wilaya de M’Sila. La majorité des moutons et chevreaux mis en vente ont été achetés à Sidi Aissa, M’Sila, Djelfa ou Hassi Bahbah, diront les maquignons présents au marché d’Aokas. Pour justifier cette flambée des prix par rapport à l’année dernière, évaluée selon lui à plus de six milles dinars d’augmentation par tête, Abdallah avancera la fermeture des marchés à bestiaux qui aurait engendré l’augmentation systématique des prix des aliments. « Avec la fermeture des marchés, les éleveurs étaient obligés d’engraisser leur cheptel quotidiennement sans pourvoir le mettre en vente sur le marché. Ceci a induit cette flambée des prix » soulignera notre interlocuteur. Effectivement les prix ont considérablement augmenté par rapport à l’Aïd de l’année dernière. Un petit calcul donnera un prix de revient de près de 2.000 dinars le kilogramme de viande alors que, paradoxalement, elle se vend chez les bouchers à moins que ça. Une certaine frange de la population avait pour habitude de se rabattre sur le cheptel caprin qui revenait beaucoup moins cher que le cheptel ovin. Malheureusement pour elle, même le bouc s’est frayé une place parmi « les grands » cette année. Un bouc d’une vingtaine de kilogrammes de viande est proposé à 28.000 dinars alors que le chevreau d’une douzaine de kilogrammes de viande l’est à 17.000 dinars. Les prix des bêtes du sacrifice rituel ont atteint cette année leur plus haut sommet. Cette augmentation inattendue a renforcé le camp des « non-égorgeurs ». Ils seront, probablement, majoritaires cette année. « Je ne peux me permettre le luxe d’acheter un mouton à quatre millions de centimes alors que je suis payé au SMIG » dira, d’un air dépité Omar, un employé d’une briqueterie. Il rajoutera avoir opté avec le consentement de sa femme et ses enfants, pour l’achat de la viande pour célébrer la fête. Une tête de mouton et quelques kilogrammes de viande pour la somme d’un million de centimes feront l’affaire, dira-t-il. Ils sont nombreux ceux, comme Omar, à avoir opté pour cette formule beaucoup moins contraignante. Au fil des années, les événements sociaux et religieux sont synonymes de dépenses financières très pénibles aux pères de famille.

A.Gana

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