Le bovin privilégié à M’Chedallah…

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En raison de la cherté du mouton, ajoutée à la chute du pouvoir d’achat de la majorité des foyers, la plupart des citoyens de la région de M’Chedallah ont contourné cette contrainte de la flambée du prix de l’ovin pour célébrer le rituel religieux de l’immolation, en s’associant à dix ou quinze pères de familles pour sacrifier un veau, qu’ils se partagent, faisant ainsi d’une pierre deux coups. 

D’abord ils appliquent ce rituel religieux comme le recommande la Chariâa musulmane, ensuite ils font une économie de plusieurs millions de centimes, sachant que le prix du veau oscille entre 15 et 20 millions de centimes, alors que celui du mouton au gabarit moyen tourne autour de 04 à 05 millions de centimes et enfin la quantité de viande est presque la même sachant qu’un veau moyen dépasse les 200 Kg de viande, alors que du mouton on en tire un maximum de 20 Kg. De plus, une aubaine s’est présentée, cette année, aux chefs de familles, notamment celles aux modestes revenues, sachant que les marchés à bestiaux ont été fermés à l’approche de l’Aïd suite à l’épidémie de la fièvre aphteuse, qui a frappé de plein fouet le bovin, d’où une sensible chute de son prix, vu que les éleveurs se sont retrouvés avec un stock de bœufs qu’ils n’arrivent pas à écouler dans les délais de l’engraissement et qui commençaient à grignoter sur le capital, sachant qu’en parallèle à cette épidémie, les prix des aliments de bétails ont enregistré une hausse vertigineuse, du fait que le cheptel bovin, à cause de ladite épidémie, a été mis en quarantaine à l’intérieur des étables et n’est plus lâché dans les pâturage collectifs. Cette année, le bovin est à l’honneur durant la fête de l’Aïd El Kébir et a ravi la vedette à l’ovin. Plus de la moitié des citoyens de cette région de l’Est de la wilaya de Bouira ont opté pour ce système du sacrifice collectif d’un veau. Un procédé qui a aussi le don d’augmenter l’ambiance habituelle au moment du sacrifice après la prière de l’Aïd, vu que ceux qui s’associent rappliquent sur les lieux de l’immolation à proximité des quartiers accompagnés de leur progéniture pour ne rien rater de la scène, étant chacun armé d’une caméra, de tablettes ou de portables pour immortaliser le moindre geste. Egorger, dépouiller et dépecer un bœuf pour en faire ensuite des parts en fonction du nombre d’associés n’est pas chose aisée et prend beaucoup de temps au grand bonheur des enfants, qui profitent ainsi de ce regroupement pour exhiber leurs beaux habits et s’adonner à leurs jeux préférés, qui consistent en des batailles rangées à l’aide de toutes sortes de pétards qui ont inondé les marchés malgré leur interdiction. Quant aux hommes, ils s’échinent sur la carcasse de la bête pour en faire rapidement des parts pour être au rendez-vous pour le dîner. Les femmes, de leur côté ont ajouté une note supplémentaire à cette ambiance de fête, en offrant des gâteaux «fait maison», des boissons gazeuses et du café dont en profitent même les curieux et les passants

                     

Oulaid Soualah  

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