A travers l’interview qu’il nous a accordée, le secrétaire de wilaya du Rassemblement National Démocratique, M. AMAR MEHDI, tente tant bien que mal de mettre toute la lumière sur la situation du parti au niveau de la wilaya de Béjaïa, après prés d’une année de son intronisation à sa tète et revient sur les sorties médiatiques de la députée de son propre parti, Mme Ikhlef en l’occurrence, qu’il a qualifié d’emblée de députée de «quota», tout en épinglant son prédécesseur pour son refus de procéder aux passations de consignes et la disparition du mobilier de bureau ainsi que de l’archive du parti.
La Dépêche de Kabylie : quelle lecture pouvez vous faire sur la situation olitique du RND à Béjaïa ?
Amar Mehdi : Depuis notre désignation à la tête du secrétariat de wilaya, force est de constater que la source des problèmes reste la qualité du leadership politique. C’est pour cela que nous avons pris la responsabilité de faire la rupture avec tous ceux qui ont rejoint le parti pour des objectifs personnels au détriment de la ligne du parti. Notre position ne changera jamais envers eux. Nous n’avons jamais regardé en arrière, parce que notre éducation nous a forgés à travailler pour l’intérêt de la nation. Nos choix ne sont pas personnels mais strictement nationalistes. C’est pour cela que lorsque l’intérêt du parti l’exige, nous faisons des choix tactiques. L’opportunisme est donc de faire le contraire. Nous ne pouvons donc nullement avoir des sentiments vis-à-vis de certains, parce que nous n’avons pas la même philosophie politique, encore moins la même morale politique. C’est d’ailleurs pour cela que le RND se porte bien compte tenu de sa contribution, à sa manière, à une normalisation progressive du paysage politique dans notre wilaya.
Une feuille de route pour se redéployer ?
Nous nous sommes attelés à redorer le blason du parti et nous nous sommes efforcés de sensibiliser, à travers nos sorties, sur l’urgence de régler la question pendante de la sincérité. Sur ce, nous comptons, après consolidation des acquis, nous déployer dans les 52 communes en vue de nous implanter le plus largement possible. Après le renforcement des structures de bases, notamment des courants plus soucieux du règlement du problème de la cohabitation, nous souhaiterions impulser voire initier, à ce propos, des rencontres avec l’ensemble des militants fideles et autres segments du parti. Aujourd’hui, les lignes bougent même si cela ne se fait pas à la vitesse souhaitée. Toutefois, tout renseigne sur cette lutte qui se mène formidablement bien pour bannir tout ce qui est contraire aux recommandations du secrétariat national avec, en ligne de mire, l’assainissement qui sera suivi de grands chantiers. Il n’y a pas mieux que cet adage populaire qui dit que « Lorsque vous perdez, ne perdez pas la leçon ».
A quoi faites-vous allusion?
À la gestion chaotique née du règne de l’ex secrétaire de wilaya qui s’est mal accommodé de la démocratisation. Une époque caractérisée par une « démocrature », c’est-à-dire une dictature du responsable-roi, qui tord le cou aux règles démocratiques. C’est cette cause principale qui explique la gestion opaque des affaires du parti à son profit exclusif, son refus de se mettre à table pour l’opération des passations de consignes et, surtout, rendre compte de la disparition du mobilier du bureau de wilaya juste après son départ. Aujourd’hui, nous assistons, Dieu merci, à la fin de la génération qui a géré à sens unique le parti pendant des années et s’éclipse en faveur de son échec envers des militants gommés à travers la disparition de tout archive-témoin de leur adhésion au parti. Autrement dit, c’est la phase de reconstruction du parti à Béjaïa.
La réconciliation semble piétiner, faites-vous le même constat ?
La réconciliation n’est certainement pas le petit déjeuner de certains qui véhiculent une philosophie haineuse. La preuve reste ces sorties diffamatoires de la députée IKHLEF, qui tente de jouer sa carte de gardienne du temple, en multipliant sa campagne d’acharnement contre nous, sans, toutefois, qu’elle ne se rende compte qu’elle n’a jamais été élue et elle n’est députée que par le système de quota. Sinon elle ne représente que sa propre personne ! Nous avons saisi ce que de droit pour le gel de ses activités politiques jusqu’à nouvel ordre… Aujourd’hui, nous devons donner le quitus aux militants sincères, qui pourront propulser le parti à sa valeur juste. Les agitateurs doivent cesser de naviguer dans les eaux troubles qui ne servent plus l’intérêt du RND.
Alors, où pourrait-on vous situer ?
Nous avons ceux qui veulent la démocratie et ceux qui la prônent pour la violer et la tuer. Je suis de ceux qui ont lutté pour son avènement et continue à le faire pour qu’elle devienne réalité. Je ne suis, certainement, pas de ceux qui pillent ou ont pillé s’enrichissent et entretiennent un système corrompu de repu. Voilà les lignes de séparation. Vous savez, nos aînés nous ont donnés une grande leçon : lorsque la loi est mauvaise, il faut se battre pour la changer. Lorsque le système est cancérigène, il faut se battre pour l’éradiquer. L’égoïsme politique est le carcinome des combats nobles.
On vous laisse conclure
Il faut une volonté et une méthodologie collectives pour développer la démocratie et promouvoir la politique, l’institution du dialogue et de la concertation dans tous les rouages du parti et surtout barrer la route à toutes les sphères opportunistes, qui sèment le trouble et la honte. Comme disait feu Matoub Lounes : «qu’ils se taisent».
Entretien réalisé par Rabah Zerrouk
