La zone industrielle de Oued El Bardi, d’une superficie de 225 ha, sise au sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira, est devenue, tout à coup, trop petite pour accueillir tous les projets d’investissement. Le fait qu’elle ait connue, récemment, une opération d’extension qui a porté cette superficie à plus de 400 ha ne semble avoir d’autre effet que retarder l’inéluctable : il faut tôt ou tard diriger les investisseurs vers d’autres endroits où ils pourraient s’y installer sans sortir de la wilaya. Les dix ou quinze zones d’activités, que compte la wilaya, semblent elles-mêmes crier « pouce !» sous la poussée de la demande. Le temps est loin où la zone industrielle de Oued El Bardi était boudée par les hommes d’affaires en raison de la dégradation de la situation sécuritaire, et où la wilaya peinait à les décider. Ce temps est révolu. Et c’est autour des investisseurs de faire des pieds et des mains pour arracher une concession de terrain susceptible d’accueillir leur projet. Aujourd’hui, la zone industrielle ronronne comme une ruche au printemps d’activités diverses. Il y aura même bientôt une usine qui fournira 50 000 véhicules par ans. Cette situation a conduit le wali, dans une de ses récentes visites en ces lieux de forte concentration industrielle, à brandir la menace de résilier les baux de concession des investisseurs ayant trop tardé à réaliser leur projets. C’est ainsi que la commission du Calpiref, chargée d’étudier et d’approuver les dossiers d’investissements, en validant 100 depuis 2011, en a rejeté 44 et ajourné 5 dossiers. Le président de cette commission a profité de la réunion qui s’est tenue, mercredi dernier, au siège de la wilaya pour souligner la nécessité de doter la wilaya d’une seconde zone industrielle et suggérer la commune de Dirah pour un tel projet. Deux considérations sérieuses militent en faveur de cette proposition. La commune de Dirah dispose de grands espaces pouvant retenir l’attention des décideurs pour la création d’une zone industrielle. Elle n’est qu’à une quarantaine de kilomètres de Bouira. En plus, elle abrite des installations d’exploitation de Sonatrach sur un site pétrolier. Ce qui pourrait aller dans le prolongement des recommandations aux investisseurs de créer de la richesse en fonction des opportunités offertes par le marché local. La commune de Dirah en offrirait des plus intéressantes. Son sol riche en hydrocarbure, mais pauvre pour la production céréalière, devrait, par ailleurs, constituer une solution de rechange pour les autorités qui ont trop prélevé de terrains sur les terres agricoles. Nombre de communes sont, en effet, en butte à d’épineux problèmes de foncier. Et l’appel lancé par le SG de la wilaya aux P/APC, qui assistait ce mercredi-là à cette séance de travail, de recenser toutes les poches vides afin de les offrir en concessions aux investisseurs témoigne de la situation prévalant en matière de foncier et du désarroi des autorités d’en trouver à tout prix. Or, tels sont les enjeux économiques de la wilaya que la proposition d’implanter une zone industrielle à Dirah ne semble pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Sous la nécessité de répondre favorablement aux 163 dossiers à l’étude, les autorités seront mises dans l’obligation de reconsidérer cette idée si elles veulent préserver les terres à hautes valeurs agricoles qui échappent à l’urbanisation et aux projets d’investissement. Donnons quand même un aperçu de ces enjeux développé dans le rapport du Calpiref présenté devant le SG de la wilaya et les élus locaux. Pour les 100 dossiers validés nécessitant 120 ha, on table sur la création de 7 212 emplois. On recense en outre 346 dossiers en dehors des 163 à l’étude, pour une superficie de 752 ha. On imagine ce que sera ce casse-tête chinois si ces dossiers venaient à être tous approuvés ! C’est presque deux fois plus la superficie de la zone industrielle de Oued El Bardi ! Conclusion : il faudra impérativement que les autorités concernées envisagent cette solution de faire de Dirah une zone industrielle pour, d’un côté épargner les terres agricoles sur lesquelles trop de prélèvements ont été faits jusqu’ici dans le but d’accueillir des projets de logements ou d’investissements et, d’autre part, pour ne pas décourager l’esprit d’entreprise favorable à un investissement massif dans la wilaya.
Aziz Bey
