«Notre économie n’est pas concurrentielle»

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L’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a mis l’accent, hier, à Alger, sur la nécessité de sortir de la politique de subvention des produits de grande nécessité à travers la lutte contre l’inflation. Intervenant au forum du quotidien «Liberté», le ministre a avancé une série de propositions afin de sortir «progressivement» de la politique de subventions. Il s’agit au premier lieu de lutter contre l’inflation. «La baisse de la subvention engendre automatiquement une augmentation des prix des produits. Et afin de faire face à la hausse des prix, il faut absolument lutter contre l’inflation», a suggéré M. Benachenhou en mettant en exergue la nécessité de ne pas faire peur aux gens. «On peut sortir de la subvention sans mettre le feu dans le lac», a-t-il ajouté. Selon le conférencier, la lutte contre l’inflation commence par la croissance de la production agricole et la promotion de la concurrence. «Notre économie n’est pas concurrentielle», a-t-il noté. Dans ce sillage, M. Benachenhou a estimé que les citoyens ont plus besoin d’un bon système de santé et d’éducation que de la subvention. Par ailleurs, l’ancien ministre des Finances a fait savoir que la subvention du type budgétaire est estimée à 1995 milliards de dinars, soit 12% du PIB, et celle des entreprises, notamment la Sonatrach et la Sonelgaz est de 1820 milliards de dinars, soit 11,6% du PIB. De ce fait, M. Benachenhou a dévoilé plusieurs conséquences que peut avoir la politique de subvention sur l’économie nationale et la société. Il s’agit de l’inculcation de la justice sociale. «Notre système actuel de subvention est la source d’une injustice sociale colossale, puisqu’une partie de la société profite des produits subventionnés plus que l’autre», a-t-il expliqué. Une autre conséquence concerne l’inefficacité économique totale, car la source va où elle ne devrait pas aller. Pour illustrer ses dires, M. Benachenhou a souligné que l’aide à l’équipement de l’agriculture qui est estimée, ces dernières années, à 130 milliards de dinars égale une année d’aide frontale aux logements. «Ce qu’il veut dire que la nation algérienne préfère une année d’aide frontale au logement que de consacrer cette aide au secteur de l’agriculture», a-t-il indiqué. L’orateur a pointé du doigt, également, les risques extérieurs que peut engendrer ce système de subvention qui a même influencé les relations de travail. A la question de savoir pourquoi le gouvernement n’a pas affiché une volonté de sortir de la subvention, M. Benachenhou a mis en cause l’absence des initiateurs de réforme. «Il n’y a ni offre ni demande de réforme», a-t-il souligné.

Samira Saïdj

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