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Ouled Feltane en quête de développement

Dans le village de Ouled Feltane, relevant de la commune de Dechmia, à quelque 20 kms du chef-lieu de la daïra de Sour El Ghozlane, la population commence à douter des multiples promesses faites par les autorités locales consistant à lancer des projets de développement dans cette région agropastorale. Situé sur un versant abrupt des monts du Titteri, entre le siège communal et le col de Teniet El Ghassoul donnant sur la commune de Ridane, le village de Ouled Feltane est fort  de part son exercice d’une agriculture de subsistance. Le village est de partout entouré de forêt et de maquis de chênes verts. Il apparaît comme une clairière silencieuse. Les dernières pluies du début octobre ont permis le «retour de l’espoir» quant à la campagne de labours-semailles. Les tracteurs sont à plein régime sur des pentes difficiles d’accès. D’ailleurs, à l’approche du col d’El Ghassoul, se sont les bêtes de somme, des ânes entre autres, qui sont utilisés pour les labours tant la pente ne permet pas l’usage d’engins mécaniques. Mais que rapportent, en matière de production céréalière, ces lopins chétifs, où apparaissent même des affleurements rocheux? Moins de 12 quintaux à l’hectare en moyenne. Les agriculteurs sont conscients des limites de cette pratique. C’est pourquoi ils ont fortement adhéré aux projets de reconversion mis en œuvre par les administrations de l’agriculture et des forêts. Ainsi, plusieurs ménages ont opté au milieu des années 2000, pour les plantations fruitières, à commencer par l’olivier. Ce mouvement s’est un peu atténué ces dernières années. La population a aussi bénéficié de modules de ruches; mais les résultats ne sont pas brillants. Plusieurs essaims sont morts, surtout après les chutes de neige des mois de février et mars 2012. Le paysage d’Ouled Feltane a été surtout transformé par les logements ruraux construits grâce au soutien de l’État. Abdelkader, habitant, auparavant, une sorte de grange en pisé nous dira : « c’est le seul programme qui a vraiment réussi ici. Mais cela ne résout pas le problème du chômage.  Des dizaines de jeunes sont sans emploi. L’agriculture ne nourrit pas son homme. Ce sont de petites parcelles en indivision appartenant à des dizaines de personnes, en plus de leur situation sur un versant de montagne ». En effet, les opportunités de travail sont pratiquement nulles ici. Certains jeunes se rendent à Sour El Ghozlane pour de petits services en ville (garçon de café chantiers de bâtiment,…); d’autres se rendent dans la commune voisine de Djouab, relevant de la wilaya de Médéa, pour chercher du travail. D’ailleurs, le transport public sur cette ligne du CW 20 n’a jamais été aussi florissant. Un groupe de jeunes, assis sous un gros chêne, déplorent le manque d’intérêt des autorités communales et de la daïra quant à cette contrée « oubliée ». « Aucun projet d’envergure n’a été inscrit pour notre région. Aucune unité de production. L’investissement est mort. Comment voulez-vous alors qu’il y ait de l’emploi. Même les universitaires sont au chômage », fait remarquer un quinquagénaire, qui commence à fulminer contre toutes les autorités. Ouled Feltane avec les autres bourgades des tribus d’Ouled Farha et Ouled Mériem se sentent fiers d’avoir participé au retour de la sécurité en prenant les armes contre les hordes terroristes pendant la décennie noire. C’est grâce à cette paix retrouvée que des familles ont rejoint leurs foyers après un « exil » douloureux, passé dans les villes des environs.  Forts de cet acquis, les habitants demandent à ce que les autorités se penchent sur la question de l’emploi dans la région et ce, à travers les opérations d’investissement.

N. M. Taous

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