Site icon La Dépêche de Kabylie

Slimane Nacef, le premier martyr de la wilaya 3 historique

Cela fait aussi soixante ans que le premier martyr de la wilaya 3 historique tombait au champ d'honneur.

Il s’agit de Slimane Nacef, né le 7 Mai 1912 à Ivahrizène dans l’ex douar de M’Kira. Tout comme les jeunes de son âge, celui-ci n’eut pas cette chance d’aller à l’école. Au contraire, c’était dans les champs qu’il passa toute son adolescence à aider son père. Slimane et tant d’autres n’acceptèrent pas de vivre comme des esclaves alors que les fils de colons qu’ils voyaient à Tizi-Gheniff se la coulaient douce en exploitant les bonnes terres et les vignes. C’était pour cela qu’ils prirent conscience que cela devrait changer. Avec d’autres jeunes de son âge, ils s’organisèrent sous la bannière du PPA/ MTLD, un parti où ils apprirent beaucoup de choses. Des années après, et à la veille du soulèvement, ils étaient déjà prêts à aller défier cette puissance coloniale. Peu avant le premier novembre, ils multiplièrent leurs rencontres en choisissant des endroits où ils étaient à l’abri des yeux de peur d’être dénoncés. Benrejdal Ali, Tazekrit Ahmed, Cheikh Mohamed, Nacef Mohamed et Nacef Slimane formaient une cellule forte, courageuse et disciplinée. A la veille du déclenchement de cette guerre qui allait libérer le pays entier du joug colonial, ils eurent cet honneur de participer dans la nuit du trente et un octobre au premier novembre aux missions que leur responsable, Amar Merabet, leur avait confiées. Aux environs de vingt trois heures, ils étaient encore au lieu-dit « les quatre chemins » à quelque cinq cents mètres de Tighilt Bougueni. Au total, Amar Merabet avait une vingtaine d’hommes à répartir en petits groupes. Parmi ces hommes, il y avait cette cellule de militants arrivés de M’Kira peu avant l’heure retenue. Côté armement, ce groupe disposait de 2 mitraillettes (MAT 49), 4 fusils de chasse,4 pistolets et des armes blanches. A 23 heures et 45 minutes, Slimane Nacef et ses compagnons étaient prêts à déclarer la guerre aux colons. Les vingt premiers novembristes avaient pour missions d’incendier le foyer rural ( cinéma) et de tirer des coups en l’air sans avoir l’intention de tuer personne. C’était le mot d’ordre à l’échelle nationale et celui donné par le « chef », Amar Merabet. Ce groupe sema la terreur dans cette petite ville paisible de colons. C’était un grand affolement. Les sirènes retentirent, les colons et les administrateurs  se terraient chez eux et finirent par comprendre que quelque chose venait de commencer. Tandis que Slimane Nacef  prit la fuite, certains de ces premiers hommes regagnèrent discrètement leurs domiciles. Mais, suite aux investigations menées, les gendarmes arrêtèrent vingt-trois militants. Slimane Nacef fut arrêté le 5 novembre, tout juste quatre jours après le déclenchement de cette insurrection qui durera sept ans et demi face à un ennemi fort en armement et en logistique. Il subit des tortures atroces et des sévices avant de rendre l’âme sans dénoncer aucun des hommes qui étaient avec lui cette nuit-là et sans dire un mot sur l’organisation à laquelle il appartenait. Il sera enterré au cimetière à proximité de la gendarmerie. En 1965, il sera, lors d’une cérémonie émouvante, exhumé et ré-inhumé au carré des martyrs de Adila, à cinq kilomètres à la sortie de Tizi-Gheniff sur la route d’Alger. Voilà le parcours revisité de ce premier martyr.

Amar Ouramdane

Quitter la version mobile