Aït Aïch en fête

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Il fait beau, et c’est tant mieux pour la célébration de l’Achoura. Une fête religieuse qui revêt un caractère très particulier à Tizi-Ouzou.

Dans certaines régions, les préparatifs ont même lieu des jours à l’avance. C’est le cas à Aït Aïch, village de la commune de Mekla, à une trentaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de la wilaya. A l’occasion, une virée hier à Sidi Salah, illustre saint du village, nous a permis de découvrir cette région enclavée, mais ô combien  accueillante. C’est là-haut, sur la colline, que le village Aït Aïch est perché à un peu plus de huit kilomètres du chef-lieu communal. Dès les premières heures de la matinée, accéder au village devient de plus en plus difficile. Une longue file de véhicules s’étend à des centaines de mètres de l’entrée du village. On y vient de partout, car il faut dire qu’Aït Aïch fait partie des rares régions à encore donner autant d’importance à la célébration de l’Achoura. Sidi Salah est tout aussi connu, et on y vient de partout pour profiter de la baraka du saint. Aussi, cette année à Aït Aïch on a célébré l’événement un peu plus tôt, étant donné que la fête a commencé dimanche et devait s’étaler sur deux jours. Une coutume plus qu’une habitude qui fait la joie des gens de la région et des visiteurs qui s’y rendent. 11h30, on arrive au village. Pas la peine de demander son chemin, il suffit de suivre au pas les gens qui empruntent le chemin principal du village depuis Thighilt N’Telva. Sidi Salah, saint illustre du village, endroit où la fête est célébrée, se trouve à l’autre bout du village. Et pour y parvenir, il faut traverser le village. Une occasion à ne pas rater pour découvrir le lieu. Ce village, comme nous l’expliquent certains de ses habitants rencontrés sur place, est pour ainsi dire un peu oublié par les autorités communales qui se succèdent. De sa part de développement, il n’a eu qu’un raccordement au réseau de distribution d’eau potable qui pourtant «ne le dessert en eau qu’une fois tous les huit jours, et souvent moins», nous dit-t-on. «Quant au réseau de raccordement au gaz de ville, il commence à être usé sans pour autant servir à quelque chose». La route étroite, ornée de part et d’autre de maisons, chose qui caractérise les villages kabyles, donne l’impression de pénétrer dans l’intimité des villageois. Mais tout de suite on s’y sent chez-soi. On nous souhaite la bienvenue avec un «zyara maqvoulen», et on nous indique un autre mausolée sur le passage, Sidi Ali Oulqadhi. Ici l’ambiance est beaucoup plus conservatrice. Tradition oblige, on y fait un saut, procédant à l’offrande tout en écoutant les deux imams nous réciter des prières et invoquer pour nous la baraka du saint. Nous continuons notre chemin, Sidi Salah c’est un peu plus haut. Il fait chaud, et le soleil de midi commence à se faire sentir mais il faut encore monter, le lieu prisé et tout en haut de la colline, cachés aux regards par les oliviers. Un peu plus loin, en bas de la colline de l’autre côté c’est l’animation toute en couleurs. C’est un mausolée d’un village voisin qui s’offre aux regards. Il s’agit de Boudjlil, en contrebas du village d’Aït Menssour, communément appelé Takhlicht. Et de loin, la musique des Idhebbalen se fait entendre. Incontournables dans ce genre d’occasions, ils font le charme de la fête tant attendue. Sur le chemin, des enfants proposent aux visiteurs des friandises et toutes sortes d’amuse-gueules, une occasion pour eux de se faire un peu d’argent de poche. Nous pénétrons dans le mausolée, et d’emblée on nous invite à déguster le repas préparé à cet effet. Un couscous aux fèves en guise de Waâda. De l’autre côté place à la fête. Une foule importante est déjà sur place, alors que derrière nous, le chemin que nous venons de parcourir grouille toujours autant. Au rythme des tambours, on se succède, femmes et hommes, pour danser. Sous les yeux ravis des spectateurs et spectatrices qui se font face sur des tribunes parallèles aménagées à cet effet. Un peu plus loin, d’une autre catégorie d’âge, des femmes ont préféré s’isoler de la foule, à l’abri du soleil et des regards. L’ambiance est très agréable, la fête bat son plein. C’est bien parti pour durer tout l’après-midi. Mais nous devons déjà repartir. Reprendre le chemin du retour avec quand même la ferme intention de revenir l’année prochaine.

Tassadit. Ch.

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