Comme au temps jadis, les brames du cerf de Berbérie fusent dans les airs des chaînes boisées de l’Akfadou, l’un des biotopes naturels du cervidé. Voila près d’une décennie, en effet, que le centre cynégétique de Zeralda, travaillant pour la préservation et la multiplication du cerf de Berbérie, a procédé en collaboration avec la direction des forêts, à la réintroduction de l’animal dans la forêt d’Akfadou. Une niche écologique où il a vécu au milieu du XIXe siècle, avant que les variations climatiques, le braconnage et le déboisement abusif de l’habitat forestier ne le conduisent au bord de l’extinction. L’opération de repeuplement s’est avérée concluante, puisque les huit cerfs réintroduits (deux males et six femelles) sont parvenus à se réaccoutumer et même à procréer. «En l’espace de 9 ans seulement, la population des cervidés a triplé avec l’arrivée au monde de nouveaux faons», déclare un agent du centre cynégétique de Zeralda. Les cervidés sont confinés, dans un premier temps, dans un enclos d’une centaine d’hectares, où ils trouvent quiétude et protection, assure-t-on, avant d’aboutir au repeuplement de tout l’habitat forestier. «Notre expérience poursuit comme objectif la mise sur pied d’une unité de reproduction du cerf de Berbérie en semi liberté. Une étape préalable à des lâchers dans tout le massif forestier de l’Akfadou et même ailleurs», explique notre interlocuteur. Parmi les cervidés qui ont vécu en Afrique, le cerf de Berbérie est le seul dont on puisse affirmer la survivance jusqu’à nos jours. Endémique à l’Afrique du Nord, son aire de répartition géographique s’étendait pendant la période historique de l’Algérois à la Tunisie, y compris la côte méditerranéenne, jusqu’à l’Atlas saharien. Vers 1740, l’espèce vivait encore aux environs de Skikda ainsi que dans les forêts de l’Edough, non loin d’Annaba, où, pendant longtemps, on découvrait ses bois enfouis dans l’humus. Caractère remarquable dénotant la plasticité de l’espèce, son aire s’étendait jusqu’au Sud de Tébessa. Certains écrits rapportent que le dernier cerf fut tué en 1918 dans le massif de Bou Djellal, au Nord de Djebel Onk (Sud de Tébessa). Le cerf de Berbérie est classé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au tableau C de la convention africaine de 1969. L’animal figure aussi sur l’annexe III de la convention internationale des espèces animales et végétales non commercialisées (CITES). En Algérie, le cerf de Berbérie bénéficie d’une protection totale, par le biais d’un arsenal législatif. Le dernier texte en date est l’ordonnance n° 06/05 du 15 juillet 2006, relative à la protection et à la préservation de centaines d’espèces animales menacées de disparition.
N. Maouche