Impressions

Partager

Dr Saïd Chemakh, enseignant à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou

«Nous avons un grand problème de dénomination des genres et des sous-genres»

«Organiser un colloque sur la thématique des genres littéraires en tamazight est une chose très importante, car nous avons un grand problème de dénomination des genres et des sous-genres en littérature berbère de façon générale, pas seulement la littérature kabyle. Cela dit, ce problème ne concerne pas uniquement la littérature amazighe, ce problème regarde d’une manière globale la littérature universelle, notamment avec le développement, après la renaissance et la révolution industrielle en Europe, d’autres genres littéraires qui ont vu le jour. Une expansion avec laquelle les cultures anciennes ont découvert leurs genres et leurs propres noms, mais qui essayent de les détecter avec les appellations et les terminaisons européennes, chose qui pose problème. Il y a par exemple les nouveaux genres tels que la nouvelle et le roman qui sont étrangers à ces cultures, ce qui fait qu’on est confronté comme toutes les littératures d’ailleurs, à ce problème de dénomination des genres et des sous-genres».

Pr. Andam Lhassane, enseignant à l’université Ben Abdellah Saïs, Agadir Maroc

«Oublier ce qui est banal et se concentrer sur l’essentiel»

«C’est une initiative qu’il faut saluer, parce que ça permet, bien évidemment, d’instaurer des liens d’union avec nos frères amazighes d’Algérie. Organiser un colloque avec le thème de dénomination amazighe est une initiative à encourager, car ça œuvre dans l’optique de l’aménagement et de la modernisation, et ça permettra aussi aux amazighophones de se connaître et de partager leur production littéraire qui est riche, chose qui va permettre à la langue Tamazight de s’épanouir et de s’imposer comme une langue moderne à travers les pays du Nord africain…Cet exemple de croisement géographique permettra également à ces communautés, qui ont souffert d’isolement et de division idéologique, d’oublier les différents et d’instaurer des liens qui serait fructueux, car les Amazighs, à travers le Maghreb, ont beaucoup de points communs. Donc, il faut surpasser l’aspect nationaliste, et ce, afin d’investir dans le fond lexical commun, et on pourra prétendre, en fin de compte, à une intercompréhension qui serait au service du développement de Tamazight. Donc, il faut oublier ce qui est banal et se concentrer sur l’essentiel, qui est sans aucun doute la littérature berbère. Il faut également vulgariser les recherches des académiciens en matière de recherche, et ce, afin que nos sociétés adoptent nos travaux. Aujourd’hui, je pourrais vous assurer que le processus de réhabilitation de la langue amazighe commence par ce point».

Pr. Rguig Mohand, enseignant à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès Maroc

«C’est un énorme pas pour unifier les genres littéraires de la langue amazighe»

«Je pense que c’est la première fois que Imazighen du Maroc et de l’Algérie se rencontrent autour de cette thématique. Et personnellement, ça m’a fait énormément plaisir qu’on fasse se rencontrer les frères des deux communautés. J’ai été également très touché par le degré de ressemblance entre les Amazighes du Maroc et ceux de l’Algérie, les Kabyles notamment… Ce genre de rencontres nous encourage également dans notre travail de recherche et de développement de la langue Amazighe, c’est un énorme pas pour unifier les genres littéraires de la langue amazighe».

Tabti Rabah, enseignant à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou

«Il faut contribuer à la sauvegarde de notre patrimoine»

«Je tiens d’abord à remercier les initiateurs de cette rencontre. Nous les remercions notamment pour le fait qu’ils ont mis une grande confiance en nous. Pour la thématique du colloque, c’est la littérature orale, et qui dit littérature orale dit aussi déperdition. En effet, une littérature orale est menacée de disparition. Ce genre de colloque permet d’enrichir le débat et de limiter ce fléau qu’est la déperdition. Paradoxalement, au moment où il devrait devenir florissant et évoluer, avec notamment le développement technologique et des moyens de communication, nous remarquons que cette littérature subit tout à fait le contraire. Donc il est grand temps, pour nous Imazighen, de contribuer à la sauvegarde de notre patrimoine».

Propos recueillis par : Oussama.k.

Partager