Certains enfants viennent au monde avec beaucoup de dons. On dirait qu’une fée, se penchant sur leurs berceaux, leur aurait offert toutes les grâces et tous les talents. Qu’ils chantent, parlent, écrivent, peignent, composent, sculptent, dansent ou jouent, ils font sensation ! Des foules entières qu’ils enchantent par leur art s’attachent à leurs jeunes pas et les suivent partout où ils se produisent, scandant leur nom et les ovationnant à l’égal de leurs aînés. Ce sont les petits génies. A sept ans, Mozart se faisait remarquer par la reine, le prenant dans ses bras et l’embrassant, après un concert donné un certain soir, à Vienne. Il avait quatre ans quand Hugo s’essayait au vers et Cocteau onze ans, créant l’étonnement dans leur entourage par la précocité extraordinaire de leur génie. Depuis cinq ans, Akli Farès Bellaidi chante et enchante. Ce garçon de quatorze ans (il est né le 20 septembre 2 000 au visage beau et rond) est de tous les concerts donnés à Bouira, à la Maison de la culture, soit pour chanter, soit pour écouter et se faire photographier aux côtés des plus grands artistes. Sa voix, d’une suavité parfaite, transporte tout de suite la salle dès qu’elle se fait entendre. Surnommé en 2004, « la petite étoile du festival » de la poésie et de prose scolaires qui se tient au printemps de chaque année, au lycée de Aïn Bessem, cet astre n’a fait depuis que grandir et rayonner. On le voit, tout petit, sur la photo, en scène, les bras chargés d’un grand bouquet de fleurs, avec, à sa droite, la présentatrice du spectacle, et, à sa gauche, le directeur de la culture qui s’apprête à lui remettre des cadeaux. Plus tard, aux mêmes festivités, une autre photo le montre sur scène, le micro à la main. Il chante. En 2010, il se faisait encore remarquer au forum sur le rôle de la chanson patriotique dans la guerre de libération en chantant « A yemma Azizen ». Sur l’unique cliché de cette manifestation à caractères culturel et historique, il est représenté sur scène, détendu, les mains dans les poches et souriant au succès qu’il vient de remporter en chantant, une personnalité lui entourant d’un bras les épaules. Trois ans plus tard, on le retrouve à Aïn Témouchent au festival de la chanson kabyle. Cette fois, ce n’est rien moins que l’illustre Akli Yahyaten, le prince de la chanson kabyle, qui lui passe un bras protecteur autour des épaules, ce qui est un signe d’adoubement dans cet art. Le mois de ramadhan dernier, le petit génie de la chanson kabyle est venu écouter Akli Yahyaten, qui a donné un grand gala à la Maison de la culture de Bouira. Il a également assisté à la soirée donnée par Hamedi, l’Ange blanc, et même interprété une chanson après son concert, ce qui a mis la salle au comble du bonheur. Il était, lors de ces deux soirées, accompagné de sa mère et de son frère. Ce dernier est lui-même poète, mais refuse de parler de ses écrits. En revanche, il ne tarit pas d’éloge sur son petit frère à qui il prédit un grand avenir d’artiste. Mais bien que lui reconnaissant un grand talent, il ne veut pas que ses dispositions précoces pour la chanson l’éloignent de ses études. Au contraire, il fait tout pour qu’il reçoive une éducation aussi solide que possible, qu’il réussisse au mieux sa scolarité. En quoi le jeune homme, qui veille jalousement sur la scolarité de son jeune frère, diffère de la mère. Elle, elle fait tout pour le pousser à aller plus loin encore sur la voie qui s’est ouverte devant son génie. Le jour où elle a découvert avec quelle aisance et avec quelle justesse il chante, elle a été ravie et n’a eu de cesse de permettre que se développent en lui, et en toute liberté ces aptitudes extraordinaires. En signe d’encouragement, elle lui a acheté un piano et le jeune artiste donne libre cours à sa verve créatrice, composant à tour de bras des airs et des chansons. Mais comme elle ne souhaite absolument pas compromettre la scolarité de son fils, elle ne lui permet de jouer et de chanter que pendant les vacances et seulement après les devoirs. Voilà un génie précoce sur le destin duquel veillent jalousement deux anges gardiens. Un génie qui ne manquera pas bientôt de se manifester de la façon la plus éclatante qui soit. Ne se classait-il déjà pas en 2010 à la première place au concours « Alhan oua baraim » ?
Aziz Bey