Toujours à la traîne

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Les travaux de réhabilitation du tronçon autoroutier reliant Bouira à Lakhdaria, sur une distance de 33 kilomètres, avancent à pas de tortue.

Lors de  sa récente visite à Bouira, le ministre des Travaux publics, M. Abdelkader Kadi, s’en  est violemment pris aux entreprises réalisatrices. Cette dernière a été publiquement et sans ambages qualifiée d’entreprise «défaillante» par le ministre. «Votre entreprise est défaillante sur toute la ligne ! Depuis l’entame du projet, vous n’avez cessé d’accumuler les retards et autres arrêts.  Cette mascarade doit cesser», avait lancé M. Kadi au représentant de l’ETRHB. D’ailleurs, il avait instamment programmé une réunion d’urgence entre les différents acteurs de ce projet, afin  de déterminer les responsabilités et tirer les conclusions de cet échec. Cependant, les suites de cette réunion ont de quoi surprendre. L’entreprise s’en est ‘’tirée’’ à bon compte, à savoir un simple avertissement. Et l’entreprise qui n’a jamais été citée par le ministre, les responsables locaux ou ceux de l’ANA, à savoir Altro, s’est carrément fait «écarter», avec une résiliation de contrat à la clé. Cette information nous a été révélée par le premier magistrat de la wilaya, M. Nacer Maaskri. Ce dernier n’a toutefois pas voulu commenter cette décision, en souhaitant que désormais ce chantier décolle enfin. Néanmoins, après cette sanction, des interrogations se posent d’elles-mêmes : Comment une entreprise qui n’était engagée que dans une infime partie de ce projet et qui n’a jamais fait parler d’elle, du moins publiquement, est aussi sévèrement sanctionnée ? Pourquoi le ministre, le wali ou bien les services de l’ANA, n’ont-ils à aucun moment relevé les ‘’ défaillances’’, si défaillance il y a, d’Altro ? Et si cette entreprise était réellement ‘’ coupable’’  du retard de ce projet, pourquoi ce dernier n’a pas décollé après son éviction ?  Sur un tout autre volet, celui de la qualité des travaux, il y a d’innombrables carences. Sur les quelques segments refaits, on enregistre plusieurs malfaçons. Le bitume, fraîchement posé se décolle à certains endroits, des bosses sont relevées ici et là et il y a même des nids de poules qui n’ont carrément pas été colmatés. Bref, des travaux qui s’assimilent beaucoup plus à un rafistolage qu’à une mise à niveau digne de ce nom. Ce constat est établi par les responsables de la wilaya de Bouira. Le wali, visiblement « agacé » par ce bricolage, car c’en est bien un, n’a pas trouvé quoi dire face à cette situation. Interrogé M. Maaskri s’en est défendu en déclarant que ce projet ne relevait pas de son secteur. «C’est un projet sectoriel. Nous, nous ne faisons que suivre l’évolution des travaux et transmettre ce que nous constatons». Cette déclaration ressemble à un aveu d’impuissance. Mais la preuve évidente du fait que les autorités locales, à leur tête M. Maaskri,  sont «poings et pieds liés» face à ce bricolage, c’est sans conteste la réponse du wali à la question du pourquoi toutes ces malfaçons : «Il y a un organisme qui est chargé du suivi des travaux (ANA, ndlr), allez leur demander !», nous a-t-il lancé d’un air confus. Cette gêne, on la retrouve également du côté des responsables de la DTP de Bouira. Ils ne savent plus quoi dire afin d’argumenter ou tenter d’expliquer ce qui s’apparente à une négligence à tous les niveaux. D’ailleurs, à la question de savoir à qui incombe la responsabilité de ce bricolage, les responsables locaux de la DTP bottent en touche, en soulignant le fait que ce n’est pas de leur «ressort». En tout état de cause,  les travaux de la réhabilitation de ce tronçon ne sont pas prêts de s’achever et la liste des accidents de la route liés à sa détérioration ne fait que s’allonger inexorablement.

Ramdane Bourahla

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