Les pluies qui continuent de tomber depuis mardi soir en haute vallée de la Soummam, dans la wilaya de Béjaïa, sont salvatrices pour l’agriculture, du fait que nous sommes en pleine campagne des labours/semailles.
Les premiers à montrer leur satisfaction sont bien évidemment les agriculteurs en accueillant bien ces pluies, qui leur permettront de lancer ladite campagne. Mais il faut dire aussi que les céréaliculteurs n’écartent pas totalement de leur esprit le spectre de la sécheresse du fait qu’ils considèrent que nous avons un été chaud qui a pris une partie de l’automne, une période où les journées étaient ensoleillées jusqu’au début novembre. « Une terre dure et aride n’est pas labourable, du fait qu’elle occasionne des dégâts au matériel. Voila pourquoi nous attendions impatiemment l’arrivée des pluies automnales qui arrosent bien le sol. Nous venons enfin d’enregistrer les premières pluies en ce début de novembre. Même si elles tombent avec intermittence et s’avèrent insuffisantes, elles sont toujours bonnes pour rendre espoir aux agriculteurs qui commenceront à retourner la terre, à compter de cette semaine, avec les tracteurs. Les pluies de ce mois de novembre sont donc décisives pour les emblavements », a souligné un responsable d’une association des céréaliculteurs, lui-même exploitant agricole. Ce dernier a mis en évidence d’autres facteurs freinant le développement de la céréaliculture, en abordant le manque d’irrigation des cultures céréalières malgré le nombre important de barrages réalisés par l’Etat, renfermant de grandes réserves en eau. «Si nous avons un système d’irrigation artificiel, on ne comptera plus sur la seule pluie dont on reste tributaire pour travailler nos terres. Pourtant, à la réalisation du barrage de Tichy Haf, il n’y a pas que l’alimentation en eau potable des populations qui était prévue. Dans le programme même, l’irrigation des cultures a été prévue. L’agriculture, qui est le moteur essentiel de la croissance économique qui constitue une alternative pour remplacer le pétrole en cas de tarissement, doit bénéficier d’une stratégie d’irrigation. Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs abandonnent leurs terres et préfèrent se convertir en ouvriers d’usines ou du bâtiment, car étant sûrs de percevoir un salaire en fin du mois. Beaucoup de terres s’ajoutent donc aux superficies incultes. Donner les moyens adéquats à l’agriculture, notamment l’irrigation mécanique sur laquelle nous insistons, beaucoup de jeunes s’orienteraient vers sa pratique. On ne trouvera pas après un bout de terre fertile non travaillé. Cela engendrera une augmentation de la production agricole et atténuera le chômage», a ajouté notre interlocuteur qui a aussi mis l’accent sur un autre aléa qui rentre en ligne de compte : la bureaucratie. «Certes, il y avait une ouverture d’un guichet unique pour faciliter la tâche aux céréaliculteurs dans la constitution des dossiers pour l’obtention des semences et engrais auprès de l’UCA, le contact d’une assurance auprès de la CRMA et le bénéfice d’un crédit de campagne auprès de la BADR ; mais leur a-t-on allégé les dossiers en supprimant certaines pièces administratives exigées inutilement ? Pour l’ouverture d’un compte bancaire, tout un dossier est exigé par la banque et un versement de 10.000 dinars en sus. Cela arrange uniquement les exploitants ayant 30 hectares et plus. Pour éviter les tracasseries, les petits exploitants préfèrent payer cash les frais culturaux, les semences et les engrais que de s’adresser au guichet unique. Mais seulement, ils courent aussi des risques de supporter seuls les dégâts causés par d’éventuels sécheresses et incendies de forêt. Revenons à ce guichet unique, à son ouverture en 2010, il a enregistré une centaine de dossiers émanant des céréaliculteurs. Cette année, il n’a reçu, au jour d’aujourd’hui, que 44 dossiers en tout et pour tout », a fait savoir ce responsable. Pour sa part, M. Baouchi Rachid, le président de la chambre de l’agriculture de la wilaya de Béjaïa, qui escompte une bonne campagne des labours/ semailles, laquelle dépasserait en nombre d’hectares celle de l’année passée, suite au renforcement du parc en matériel de labour du fait de la répartition de tracteurs aux agriculteurs au niveau de la wilaya de Béjaïa. « En plus du guichet unique, ouvert pour faciliter la tâche aux céréaliculteurs dans la constitution des dossiers auprès de l’UCA, la CRMA et la BADR, et tout récemment les services agricoles ont réparti 6 tracteurs pour les agriculteurs. L’année passée, 6.000 hectares ont été emblavés. Cette année et avec toutes ces aides et facilitations mises en place par l’Etat aux agriculteurs, nous escomptons une augmentation de cette superficie », a déclaré M. Bouiche que nous avons rencontré à Béni Maouche, lors de la dernière visite du wali dans cette commune.
L. Beddar

