Depuis le premier novembre, les passants s’arrêtent souvent pour admirer la fresque réalisée par les jeunes artistes de l'école régionale des Beaux Arts d'Azazga sur le mur de l'enceinte du lycée Hamdani Said juste en face du tribunal aux effigies des cinq colonels de l'ex-commune mixte de Draâ El-Mizan, à savoir, Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah, Mohamed Zamoum dit Si Salah et Slimane Dehilès, car, disons-le, elle a été très bien réussie par ces stagiaires qui ont déployé tout leur savoir en matière de peinture pour rendre hommage à ces héros.
« Quand on nous a proposé de réaliser cette fresque, nous avons senti une grande responsabilité car il faudrait coûte que coûte la réussir. Il ne fallait laisser passer au hasard aucun petit détail aussi menu soit-il. Ce sont de grands héros. On doit quand même reproduire fidèlement leurs portraits, même si la tâche n’était pas aussi aisée quand on se base sur des photos en noir et blanc. Et Dieu merci, nous avons accompli cette mission comme il le fallait. La reconnaissance de la population, des jeunes, des moudjahidine, des responsables locaux et de ceux de l’association Amgud nous suffit. Au moins, on se souviendra de cette fresque qui retrace le parcours de ces valeureux colonels. « , nous avait déclaré l’un des stagiaires en la personne de Tighilt venu d’Ililten, dans la daïra d’Iferhounène. Cela fait maintenant une dizaine de jours et il ne se passe pas un instant sans qu’un regard ne soit jeté sur ces hommes qui ont libéré le pays du joug colonial d’autant plus que ce boulevard est fréquenté par beaucoup de personnes car il mène à la station des fourgons vers Boghni, au centre commercial , à la mosquée et bien sûr à la nouvelle ville. A son passage, un homme âgé d’environ une cinquantaine d’années dira à un autre que les autorités doivent penser à baptiser ce boulevard « Boulevard des cinq colonels ». Chose qui étonne aussi est que les jeunes qui ont découvert pour la première fois cette fresque ne connaissent presque rien de l’histoire de ces héros. « J’ai entendu le nom d’Ali Mellah car juste à côté il y a le lycée qui porte son nom. Mais, sincèrement, pour les quatre autres, je ne savais même pas qu’ils sont de notre région. Pourquoi a-t-on caché leur histoire? Pourtant, ce sont de grands hommes. Normalement, c’est à l’école qu’on devrait apprendre leur histoire. Malheureusement, du primaire au lycée, on ne nous parle que des Janissaires ou des batailles qui n’ont rien à voir avec notre histoire », nous dira un jeune homme resté bouche bée en regardant attentivement les portraits de ces colonels. Des déclarations comme celles-ci sont répétées par presque tous les passants notamment les jeunes. Hormis quelques personnes âgées qui peuvent vous dire quelques mots sur ces héros, pour la plupart, leur histoire est méconnue. « Au moins cette association a pensé à leur rendre hommage à sa façon, sinon, pour tous ceux qui nous gouvernent depuis 1962, ils n’ont rien fait pour eux. Il est temps que nos jeunes fassent des recherches pour connaître l’histoire de l’Algérie contemporaine, mais aussi celle de nos ancêtres. Des fresques comme celles-ci pourront jouer un grand rôle dans cette mission qui incombe surtout à l’école », estimera un autre passant. Cela étant, cette fresque suscite des commentaires à tout bout de champ. N’est-il pas encore temps de rendre hommage à tous les martyrs en baptisant des édifices publics en leur noms suivis de leur biographie, de construire des stèles où sera transcrite en lettres d’or leur histoire et encore distribuer des abécédaires qui porteront leurs noms notamment aux écoliers, aux collégiens et aux lycéens? Ne dit-on pas qu » Un peuple qui ne regarde pas en arrière ne pourra construire son avenir » ?
Amar Ouramdane

