Les enseignants de Tamazight à Tizi-Ouzou passent à l’action et prévoient pour demain une grève, ainsi qu’un sit-in devant le siège de la direction de l’éducation locale, à partir de 10h30. Une façon de dénoncer les conditions dans lesquelles ils travaillent.
C’est un appel des enseignants de Tamazight de Tizi-Ouzou, affiliés au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur de l’éducation (Cnapest). A travers un communiqué rendu public, ils parlent de «stress et angoisse», qui définiraient leurs conditions de travail. Les rédacteurs du communiqué dénoncent «la marginalisation de la matière alors qu’elle est d’un apport essentiel pour rehausser le taux de réussite des élèves au baccalauréat et au BEM, à Tizi-Ouzou». Ils ajoutent que «les enseignants de Tamazight et la langue elle-même doivent avoir une meilleure considération, comme tous les autres enseignants et matières», ce qui n’est pas encore le cas. Sur le terrain, peut-on encore lire dans le communiqué «l’administration en général et certains directeurs d’établissement en particulier ignorent les décrets officiels», comme par exemple le décret 956/08 datant du 15 juillet 2008 qui fixe la manière d’enseigner Tamazight dans les écoles, le nombre d’heures et leur programmation. La décision de passer à l’acte et d’organiser une action de protestation a été prise suite à la réunion des enseignants de Tamazight des trois cycles de l’enseignement affiliés au Cnapest, le 28 octobre dernier. A l’issue de la réunion, et en plus de déplorer l’atmosphère dans laquelle ils travaillent et de fixer la date du sit-in, une plate forme de revendications a été initiée par les protestataires. Fixant une dizaine de doléances à satisfaire, relatives notamment aux conditions d’enseignement de Tamazight. Les enseignants exigent notamment et avant tout «l’arrêt immédiat de la délivrance des dispenses de l’examen de langue amazighe au baccalauréat». Soucieux de l’avenir incertain de l’enseignement de Tamazight, ils réclament aussi «la généralisation de l’enseignement de la langue à travers les trois cycles d’enseignement» en plus de «la révision des emplois du temps». Dans la plateforme, ils déplorent aussi le fait que la langue se retrouve souvent lésée en exigeant par la même de «cesser d’utiliser les cours de Tamazight comme bouche-trous de la part de certains responsables» et «respecter le nombre d’heures d’enseignement qui est de 3 heures par semaine». L’enseignement de Tamazight et parfois tellement relégué au second plan selon les grévistes qu’ils parlent «d’un enseignement hors des heures réglementaires». Ils citent comme exemples les créneaux de 12h30 à 13h30 ou encore 16h30 à 17h30. Ils réclament également la révision à la hausse du coefficient de Tamazight dans les filières lettres, philosophie et langues, en plus de la révision du livre dont le contenu «ne correspond pas au programme officiel». Les enseignants de Tamazight montés au front appellent «à la prise en charge du cadre pédagogique de la langue dans l’enseignement», déplorant un manque d’inspecteurs dans le domaine pour le cycle secondaire. Des suggestions sont même formulées dans la plateforme de revendications, pour tenter de donner à l’enseignement de Tamazight la place qui lui sied. On citera l’exemple de «l’enseignement de Tamazight depuis le pré scolaire», ou encore «l’insertion de la langue dans l’examen de fin du cycle primaire». Les enseignants appellent aussi à l’ouverture de nouveaux postes budgétaires dans les trois cycles, demandant à la direction de l’éducation locale de «rappeler aux responsables des établissements scolaires la nécessité de travailler dans le cadre du décret 956/08». Ceci, en sus d’autres revendications que les enseignants comptent bien faire entendre à travers leur action de demain.
Tassadit Ch.

