Des dizaines d’habitants du village Tagroudja, relevant de la commune de Semaoun, sise sur les hauteurs de la vallée de la Soummam, à 40 km du chef-lieu de wilaya, ont organisé hier, un sit-in de soutien aux cinq habitants de la localité accusés dans l’affaire de l’incendie d’un bar et dont le procès s’est ouvert hier.
Les faits de cette affaire, qui a défrayé la chronique locale, remontent à juin 2006, lorsque des centaines d’habitants de Tagroudja ont mis le feu au bar Copacabana, suite au refus de son propriétaire de le fermer. Ces citoyens affirmaient que ce lieu, érigé à proximité du village, était « un lieu de débauche et de prostitution », portant ainsi atteinte à la réputation de la localité. « La justice algérienne a interpellé uniquement cinq individus habitant le village Tagroudja parmi les 1500 personnes de la commune présentes le jour de l’incendie, le 20 juin 2006, pour comparaître devant le tribunal », lit-on dans un appel à la solidarité signé par l’association de la localité. Pour ces citoyens, l’incendie du bar est l’œuvre des habitants de toute la région, pas seulement de cinq individus, « qui ont dit non à l’exploitation d’un lieu de débauche et de prostitution au milieu des maisons, chose qui ne s’accommode ni aux traditions rurales ni aux valeurs héritées de nos ancêtres », a-t-on affirmé. Par ailleurs, les habitants de Tagroudja accusent le propriétaire du bar incendié de se livrer au harcèlement judiciaire à l’encontre des personnes du village. « Malgré une opposition farouche, le propriétaire du bar, très connu par les autorités judiciaires et les services de sécurité veut soumettre le village des martyrs de la révolution à la loi du plus fort », a-t-on dénoncé. Ce n’est pas la première fois que des citoyens de la wilaya incendient des bars pour réclamer leur fermeture. En 2011, les habitants du village Ireza, dans la commune de Oued Ghir, avaient mis le feu à un débit de boissons alcoolisés, devant le refus de son propriétaire de le fermer. Ces habitants avaient justifié leur acte par la proximité de ce débit de boissons de leurs foyers.
Boualem Slimani