La sécurité alimentaire est l’un des défis majeurs de nombreux pays en voie de développement. L’Algérie, qui aspire à relever ce défi, peine à sortir de l’ornière d’un marché non régulé, livré à la férocité des spéculateurs.
Parmi les produits qui donnent les sueurs froides à la ménagère, la pomme de terre, qui en fait voir de toutes les couleurs. La parmentière est un légume à large consommation, dont les prix ne cessent de grimper pour atteindre des pics avoisinant les 100 DA le kilo. Depuis des mois, ce tubercule enregistre une envolée de ses prix pour devenir un produit de luxe. Pratiquement, tous les maillons intervenant dans la chaîne de production de la patate se désengagent de la responsabilité de la flambée du prix dudit produit. Le consommateur pointe du doigt les commerçants, ces derniers récusent ces griefs en imputant cette flambée aux marchands de gros, lesquels renvoient la balle aux fellahs. Se positionnant en aval de la production, les fellahs accusent en premier lieu les intermédiaires, ayant les coudées franches pour «jouer» sur les prix de la pomme de terre. Dans le même sillage, certains experts dans le domaine tentent d’expliquer cette hausse par le manque et/ou l’absence de régulation du marché ce qui a induit à une anarchie totale de l’offre et de la demande. Pour étayer leurs assertions, lesdits spécialistes évoquent le fait que les agriculteurs se sont rués à la production de la pomme de terre en grandes quantités, inondant de fait les marchés par ledit tubercule. Résultat de la course, les prix ont fléchi pour atteindre la barre des 15 Da le kilo. Bon nombre de fellahs n’ont pas pu profiter de cette manne, où des intermédiaires sans scrupule ont amassé des sommes faramineuses sur le dos desdits fellahs. Ayant essuyé des pertes sans égales, ces agriculteurs ont eu le sentiment d’être abandonnés et laissés cuire dans leur jus. Cela explique la défection massive des producteurs de patates cette saison, préférant de loin s’orienter vers d’autres cultures moins exposées aux aléas du marché de l’offre et de la demande. À l’instar des marchés hebdomadaires implantés dans les différentes localités de la wilaya de Vgayet, celui de Sidi-Aich ne déroge pas à la règle, avec une mercuriale montant crescendo. Les quelques consommateurs que nous avons interrogés sur les lieux sont unanimes pour dire que le gouvernement est incapable de réguler le marché laissé aux mains des spéculateurs. «Il est anormal que les pouvoirs publics n’arrivent pas à fixer les prix des denrées oscillant au gré des «mercantilistes» dont le seul souci est l’appât du gain», dixit un père de famille.
Bachir Djaider