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Le projet du monument à l'abandon

Si au lendemain de son lancement en octobre 2008, une volonté grandissante a été manifestée par les responsables du comité du village Tadukli n'Tfughalt, ainsi que par les villageois, aussi bien ceux qui y résident que ceux qui habitent ailleurs, ce ne fut plus le cas par la suite, car, aujourd'hui, les travaux sont à l'arrêt.

Certainement, ce n’est pas seulement par manque de financement, mais peut être à cause de la déstructuration dudit comité.  » Depuis que le comité n’active plus, c’est tout le village qui est à l’abandon. Il n’y a pas seulement le projet du monument. Il faut que les gens animés de bonne volonté remettent les pendules à l’heure », nous répondra un habitant du village rencontré justement devant ce projet. Pour le taux d’avancement, on peut dire qu’il est à 20%. Pourtant, lors du lancement des travaux, tout le monde croyait que la promesse allait être tenue, d’autant plus que même les autorités s’étaient engagées à accompagner cette initiative jusqu’au bout. Ce village de cinq mille habitants avait sacrifié cent cinquante six chahids et des dizaines de moudjahiddines qui ont survécu à la guerre. Il faudra même dire que dans la nuit du trente et un au premier novembre, c’est de ce village que de jeunes militants du mouvement national étaient dépêchés par l’organisation d’aller jusqu’à Blida pour commettre des attentats et autres actes de sabotage économiques à l’encontre des intérêts des colons. Ce village avait même enregistré le premier chahid en la personne de Mechai Mohamed, criblé de balles à Assif N’Chakour alors qu’il montait vers le lieu-dit Idararen, le vingt huit novembre 1954, après avoir été dénoncé. Il avait fallu toute une armada de militaires armés jusqu’aux dents pour faire tomber ce jeune activiste, de vingt et un printemps seulement, dans le mouvement national aux côtés de grands militants, à l’image de Rabah Oumeddour. « Notre village était devenu zone interdite à partir de l’année 1956 », se rappellera cet ancien moudjahid. Certes, l’APC avait tenu sa promesse en réhabilitant le carré des martyrs de ce village baptisé « Bataille du 15 Mars 1955 », mais ce monument, où devaient être gravés en lettres d’or les noms de ces valeureux martyrs, doit être mené à son terme. Chaque villageois souhaite qu’un sursaut d’orgueil soit fait dans ce sens. « Il y a des villages qui comptent moins de martyrs que nous, mais, grâce à la solidarité de leurs habitants, ils sont arrivés à réaliser des stèles et autres monuments grandeur nature. En principe, comme notre village est connu pour sa volonté de bien faire, un tel monument peut être réalisé en moins d’une année », estimera la première personne qui a préféré de nous parler de ce projet. Donc, un appel est lancé en direction de tous les Tafoughaltis de passer à l’action, d’autant plus que notre pays célèbre le soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, et bientôt le cinquante troisième anniversaire de l’indépendance, sans ménager les responsables de l’ONM locale et de wilaya de se manifester afin que ces martyrs soient immortalisés.

Amar Ouramdane

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