La société savante Géhimab, qui est une association à but non lucratif, basée à Béjaïa, et qui se consacre à l’étude de l’histoire des mathématiques à Béjaïa, durant la période médiévale, organise un colloque international, pour étudier la vie et l’œuvre d’Ahmed Al Gubrini.
C’est à l’occasion de la célébration du 700eme anniversaire de la mort de ce Qadi et biographe, originaire de la région d’Ait Gubrin en Grande Kabylie et ayant vécu à Bougie, que cette rencontre scientifique a été organisée. Elle se tiendra les 19 et 20 novembre au Théâtre Régional de Béjaïa. Ahmed Al Gubrini, qui a vécu au treizième et quatorzième siècles s’est rendu célèbre en publiant un livre dans lequel il a recensé les savants de la région de Bougie. Ce livre, intitulé « Unwan Ad-Diraya » que certains traduisent par « Symbole du Savoir » est une bio-bibliographie. Selon une brochure de Géhimab, « C’est la source la plus sûre et la plus complète sur les savants de Bougie à l’époque médiévale ». L’objectif du colloque consistera, pour les historiens, les anthropologues, les archéologues, les architectes, et les spécialistes des sciences religieuses à exploiter cet ouvrage. Il s’agira de « cerner la structure des milieux intellectuels des centres urbains du Maghreb et de la Méditerranée à l’époque médiévale. Al Gubrini a vécu dans différents endroits, dont Tunis, avant de se stabiliser à Bougie où il est devenu Qadi des qadis. Il a eu des rapports privilégiés avec plusieurs princes et a côtoyé plusieurs hommes de sciences ou de religion, ainsi que des philosophes, à l’instar de Raymond Lulle, le Catalan qui séjournait fréquemment dans la ville. Il fut par la suite associé à des négociations avec les autorités hafsides de Tunis, en vue d’obtenir l’autonomie politique de Bougie. Il fut accusé de trahison et exécuté vers l’an 1314. A ce colloque, piloté par le Centre National de Recherches Préhistoriques et Anthropologiques et Historiques (CNRPAH), une vingtaine de scientifiques, venus de différentes régions du pays et de l’étranger sont prévus, pour présenter des communications sur les différents thèmes liés à l’œuvre et la vie d’Al Gubrini. En marge des communications, plusieurs activités sont prévues, telles que la visite de certains lieux cités par le savant, une soirée musicale avec un orchestre féminin traditionnel, ainsi qu’une soirée dite « spirituelle » avec Ivahriyen d’Azeffoun, et une exposition de certains manuscrits cités dans le livre d’Al Gubrini. Nous aurons à revenir sur cet événement, notamment par un compte rendu des communications qui, n’en doutons pas, seront d’une grande qualité. Cependant, une question se pose d’elle-même : Al Gubrini était un amazigh pur-sang, issu d’une tribu renommée et respectée de la Grande Kabylie et ayant recensé des savants non moins amazighes de la Petite Kabylie. Parlera-t-on dans ce colloque de la dimension amazighe du personnage, et tentera-t-on de rétablir son véritable nom berbère qui n’était assurément pas comme l’avance la brochure du Géhimab « Abu Al-Abbas Ahmed », à connotation non amazighe ?
N. Si .Yani

