Le troisième Salon du livre de Béjaïa, qui s’est tenu du 18 au 28 du mois en cours à la Maison de la culture Taous Amrouche, a pris fin, hier, vendredi. Durant cette période, en plus des stands réservés aux différents éditeurs, libraires et distributeurs, un espace a été mis à la disposition des auteurs écrivains qui souhaitent exposer leurs œuvres et avoir un contact direct avec le public. C’est ainsi que nous en avons rencontré un certain nombre avec qui nous avons pu discuter. Les trois premiers auteurs que nous avons pu rencontrer sont des poètes. Comme les éditeurs classiques ne sont pas toujours chauds pour mettre sous presse les livres de poésie, les auteurs sont souvent contraints de financer eux-mêmes leurs ouvrages. C’est le cas de nos trois interlocuteurs. Amoureux de la poésie, Barhim Bouchefa, enseignant d’arabe à Béjaïa, a décidé de publier, par ses propres moyens, les poèmes qu’il a écrits. Il a commencé très jeune à composer des poèmes et a continué de le faire à l’âge adulte. Révolutionnaire dans l’âme, à en juger par sa barbe et son béret à la Che Guevara, il a commencé à se faire connaître dès 2012, l’année de la sortie de son recueil. Il a ensuite commencé à faire la tournée des centres culturels (Aokas, Akbou, Béjaïa,…) où il a eu le plaisir de rencontrer le public avec qui il a eu des échanges très positifs. Son recueil de soixante-douze pages contient plus d’une vingtaine de poèmes. Les thèmes abordés sont variés, mais à connotation philosophique, en liaison avec la vie quotidienne et pratique. «A tawerdet n yiherqan», «Abernus-iw», «Aggus n yemma», «Tabrat»… sont autant de poèmes exprimant des sujets à la fois doux et brûlants. De l’avis des amateurs de la poésie, le point fort de Brahim Bouchefa semble être sa façon de manier le verbe. Cela donne une force aux vers qu’il aligne, l’un après l’autre, pour exprimer ses émotions et le fonds de sa pensée. C’est son premier recueil et il travaille déjà sur d’autres projets. Ce qui l’aiderait, évidemment, ce serait de trouver un éditeur qui puisse prendre en charge ses futures productions. Halim Behlouli, originaire d’Amizour, a publié trois ouvrages. Deux recueils de poésie et un essai. Il les a aussi financés lui-même, à défaut d’avoir trouvé un éditeur. L’impression qu’il donne est celle d’un homme tranquille, qui passe son temps dans la méditation. Ses poèmes tournent essentiellement sur des sujets mystiques et spirituels. D’emblée, on sent le souci de Halim Behlouli : la paix. Les titres de ses poèmes sont assez éloquents : «Tayri», «Tidet», «Itbir Amellal», «Rehma N Igenwan»… Il n’hésite pas à reprendre en français ce qu’il a composé en kabyle, afin de toucher un maximum de lecteurs. Son essai, intitulé «Tiwwura n Tafat» (Les portes de Lumière), est un ouvrage qui semble être le reflet de la propre vie de l’auteur. Il dénonce la perdition dont laquelle vit le monde actuel, dont le seul souci est le gain et la réussite. Calme et serein, Halim Behlouli affirme qu’à chaque jour suffit sa peine. Nul besoin de vivre dans le souci du lendemain. Il se bat pour que les gens ouvrent leurs yeux car, dit-il, «je suis le consolateur poétique ». Halim est sans conteste un homme de foi. Il se bat pour ses convictions et joins le geste à la parole, en mettant la main à la poche pour financer ses publications. Il semble être d’une grande sensibilité. Il gagnerait à être mieux encadré par un professionnel du livre, afin de l’aider à mieux faire connaître ses idées. Le troisième poète de ces rencontres faites au Salon du livre de Bougie est originaire de la grande Kabylie. Il s’agit d’Ahcène Mariche, enseignant à Tizi Rached. Son expérience est assez originale, puisque, non seulement il a publié plusieurs recueils de poésie, mais il a également fourni des textes à des chanteurs et même publié à l’étranger, comme en France et aux Etats-Unis. Quelques-uns de ses recueils ont été traduits en anglais et en arabe, en plus du tamazight et du français. Il a également été cité dans plusieurs recueils à l’étranger et a participé à de nombreuses émissions de radio. Son curriculum vitæ est trop riche pour être résumé dans ces lignes, mais déjà il est possible d’apprécier certaines de ses œuvres, à l’image de «La Saint Valentin» qu’il a pris soin d’imprimer sur du tissus en velours, en caractère d’or. De même, certains de ses poèmes ont été enregistrés sur CD Rom, sur fonds musical. Ahcène Mariche a plus d’une flèche à son arc. Il aime voyager et de toute évidence, il semble très heureux dans le contact avec les autres. Scientifique de formation, alors que l’amour transparaît tout au long de sa poésie, il n’hésite pas à mettre sa plume au service de l’environnement «qu’il faut respecter et admirer», puisqu’il est le reflet des beautés de la Kabylie.
N. Si Yani